Cameroun. Il faudrait que le pape réitère son engagement en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International a demandé ce mercredi 18 mars au pape Benoît XVI de souligner lors de sa visite au Cameroun, qui s’inscrit dans le cadre de son premier voyage en Afrique, l’importance de l’élimination de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.

Le Code pénal camerounais érige en infraction les relations sexuelles entre personnes de même sexe.

Amnesty International a recensé plusieurs dizaines de cas d’arrestation et de détention de jeunes hommes et de jeunes femmes dont certains, au cours des trois dernières années, ont été condamnés à des peines d’emprisonnement et des amendes parce qu’ils étaient soupçonnés de relations sexuelles entre adultes consentants du même sexe.

« Le pape devrait se saisir de l’occasion importante que constitue sa visite au Cameroun pour faire savoir clairement que le Saint-Siège rejette toute agression ou persécution contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle, et pour appeler le gouvernement de ce pays à dépénaliser l’homosexualité », a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International.

Le Saint-Siège a confirmé lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2008 que « toute discrimination des homosexuels doit être évitée » et il a demandé « aux États de supprimer l’appareil criminel pouvant regarder ces personnes ».

Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains ont appelé à maintes reprises les autorités, les organisations religieuses et les médias camerounais à défendre, respecter et protéger les droits fondamentaux de tous les Camerounais, quelle que soit leur orientation sexuelle.

En décembre 2005, un haut responsable de l’Église catholique camerounaise a, selon les médias locaux, publiquement condamné l’homosexualité. Depuis lors, de nombreux homosexuels ont été persécutés.

« Il est tout simplement inacceptable que des dizaines de Camerounais et de Camerounaises aient été incarcérés uniquement en raison de rapports sexuels présumés ou avérés avec une personne consentante de même sexe,
a déclaré Tawanda Hondora. Nous espérons que le pape fera valoir cela clairement auprès du gouvernement, des dirigeants ecclésiastiques et des nombreux fidèles camerounais lors de sa visite dans le pays. »

Jeudi, le souverain pontife rencontrera des membres du Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des évêques à la nonciature apostolique (ambassade) du Vatican à Yaoundé.

Notes

Les poursuites judiciaires contre les personnes en raison de leur orientation sexuelle sont contraires à plusieurs traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains auxquels le Cameroun est un État partie.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques protège le droit à ne pas être victime de discrimination ((articles 2 et 26) ; le droit au respect de sa vie privée (article 17) ; le droit à la liberté d’opinion (article 18), et le droit à la liberté d’expression (article 19). La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples garantit dans son article 2 le droit à ne pas être victime de discrimination.

En mars 2006, douze jeunes femmes ont été exclues définitivement d’un établissement scolaire à Douala parce qu’elles étaient soupçonnées de rapports sexuels entre personnes de même sexe. Amnesty International craint que ces jeunes filles, qui sont ainsi privées de leur droit à l’éducation, aient été expulsées uniquement en raison de leur orientation sexuelle.

Le 16 août 2007, deux hommes accusés de pratiques homosexuelles ont été arrêtés par les gendarmes à Yaoundé. Les suspects ont été placés en détention à la gendarmerie de Nlongkak jusqu’au 31 août 2007, date à laquelle ils ont été transférés à la prison de Kondengui.

Alors qu’ils étaient incarcérés, ces hommes ont subi des examens rectaux humiliants visant à permettre aux autorités d’établir s’ils avaient eu des rapports sexuels. De tels examens ne reposent sur aucun fondement médical et constituent une violation de l’interdiction des actes de torture ou d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les deux hommes ont comparu le 23 novembre 2007 et ont plaidé non coupables quant aux pratiques homosexuelles qui leur étaient reprochées. Le 13 mars 2008, le tribunal les a déclarés coupables d’actes homosexuels, et les a condamnés à une peine de six mois d’emprisonnement et à une amende de 25 000 francs CFA (environ 38 euros). Comme ils avaient déjà passé plus de six mois en détention, ils ont été relâchés peu après leur procès.

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