Cameroun. Un journaliste détenu au secret depuis 3 mois

Les autorités du Cameroun doivent sans plus attendre révéler ce qu’il est advenu d’un journaliste placé en détention secrète depuis son arrestation il y a trois mois et lui permettre d’entrer en contact avec son avocat et sa famille, a déclaré Amnesty International vendredi 30 octobre 2015.

Le journaliste Ahmed Abba, correspondant de langue Hausa pour la radio française Radio France Internationale (RFI), a été arrêté le 28 juillet dans la ville de Maroua, alors qu’il enquêtait sur le conflit avec Boko Haram dans le nord du pays.

Malgré plusieurs tentatives de son avocat, de RFI et de sa famille, les autorités lui refusent tout contact avec le monde extérieur et le soumettent à une détention secrète – qui est prohibée par le droit international.

En outre, Ahmed Abba est privé du droit de comparaître rapidement devant un tribunal civil de droit commun, ainsi que du droit de contester la légalité de sa détention. Amnesty International ignore quelles charges sont retenues contre lui.

« Quel que soit le motif de l’arrestation d’Ahmed Abba, rien ne saurait justifier sa détention secrète. Le droit international relatif aux droits humains et le droit camerounais exigent qu’il puisse contacter régulièrement un avocat et qu’il soit informé des charges dont il est accusé, a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Le fait de maintenir un prisonnier en détention secrète augmente les risques qu’il subisse des actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements. Les autorités camerounaises se sont engagées à respecter les normes relatives aux droits humains en toutes circonstances, et son cas ne peut faire exception. »

Depuis 2014, elles ont arrêté plus de 1 000 personnes soupçonnées de soutenir Boko Haram. Beaucoup sont détenues dans des conditions inhumaines, dans des prisons surpeuplées, et les délais avant de comparaître en justice sont extrêmement longs.

En septembre 2015, Amnesty International a rencontré un certain nombre de détenus à Yaoundé qui ont déclaré avoir subi des mauvais traitements pendant qu’ils étaient détenus sans pouvoir contacter leurs avocats ni leurs familles.

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