Le déplacement forcé de 300 personnes d’une communauté du nord-ouest de la Colombie par un groupe paramilitaire est la preuve dramatique que le conflit armé est loin d’être terminé, a déclaré Amnesty International.
Au cours du week-end des 4 et 5 mars, environ 200 hommes armés, identifiés comme appartenant au groupe Autodefensas Gaitanistas de Colombia (AGC), ont pénétré dans la ville de Peña Azul, dans la municipalité d’Alto Baudó, du département du Chocó, au nord-ouest de la Colombie.
Des témoins affirment que les paramilitaires sont entrés dans la ville à la recherche de membres du mouvement de guérilla Ejército Nacional de Liberación (ELN) et qu’elles ont contraint 399 personnes (128 familles) à fuir par crainte pour leur vie. On ignore toujours où se trouvent huit de ces familles.
Le 22 février, Luis Carlos Villegas, le ministre de la Défense colombien, a déclaré dans une interview à la radio, en réaction au Rapport 2016/17 d’Amnesty International, que plus aucun groupe paramilitaire n’opérait en Colombie.
« Les autorités colombiennes affirment catégoriquement que tous les groupes paramilitaires ont été démobilisés, mais la réalité est bien différente. Au lieu de nier que des paramilitaires sont toujours actifs, les autorités doivent prendre des mesures pour protéger les communautés que ces groupes terrorisent », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.
« Les événements tragiques de ce week-end montrent que la signature des accords de paix n’est qu’une étape, et que la route sera longue avant d’aboutir à un pays où tout le monde peut vivre sans craindre d’être tué, d’être victime de disparition, ou de devoir fuir son domicile par peur de mourir. »
« Sur de grandes parties du territoire colombien, le conflit armé est loin d’être terminé. À moins que les autorités n’offrent de toute urgence une protection à ces communautés, de nombreuses personnes pourraient perdre la vie. »
Complément d’information
Depuis 2014, le groupe Autodefensas Gaitanistas de Colombia, formé à partir d’anciens membres des groupes paramilitaires démobilisés il y a une dizaine d’années, a lancé une opération pour prendre le contrôle d’Alto Baudó, un territoire peuplé par des communautés indigènes et afro-colombiennes proche du Pacifique, ainsi que d’autres municipalités importantes de la région.
Depuis le début du processus de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia, FARC), et en particulier depuis septembre 2015, on a observé une augmentation de l’activité paramilitaire dans la région d’Alto Baudó, ainsi qu’ailleurs dans le pays. En effet, plusieurs groupes armés, dont notamment l’Ejército Nacional de Liberación (ELN), cherchent à prendre le contrôle de certains des territoires auparavant contrôlés par les FARC, qui sont actuellement en train de négocier un accord de paix avec le gouvernement colombien.