« La condamnation injuste de Li Qiaochu est l’aboutissement de la cruelle campagne du gouvernement chinois visant à la réduire au silence, a déclaré Sarah Brooks, responsable de l’équipe Chine d’Amnesty International.
« Elle a été harcelée et privée de liberté par la police pendant quatre ans pour avoir tenu un blog qui partageait des articles écrits par son compagnon, Xu Zhiyong, juriste de renom, qui était incarcéré. Il semble également que les autorités aient puni Li Qiaochu parce qu’elle a osé partager publiquement les détails d’actes de torture infligés à Xu Zhiyong et de mauvais traitements qu’elle a elle-même subis en détention.
« Li Qiaochu a été prise pour cible de manière impitoyable parce qu’elle a exprimé des opinions que les autorités chinoises préféreraient étouffer - leur position étant que son discours pourrait d’une manière ou d’une autre renverser le gouvernement. Sa condamnation met en relief les graves risques associés à la défense pacifique des droits humains dans la Chine de Xi Jinping.
« Li Qiaochu a été emprisonnée uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Elle doit être libérée immédiatement et sans condition. »
« Il est honteux que les autorités chinoises aient privé Li Qiaochu de liberté après qu’elle a dénoncé la torture et les mauvais traitements, au lieu d’enquêter correctement sur les allégations qu’elle a formulées. Il est désormais impératif de faire le nécessaire pour qu’elle ne subisse pas d’autres mauvais traitements en prison.
« Li Qiaochu a été emprisonnée uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Elle doit être libérée immédiatement et sans condition. »
Complément d’information
Le tribunal populaire intermédiaire de Linyi a déclaré Li Qiaochu coupable de « subversion du pouvoir de l’État » et l’a condamnée à trois ans et huit mois de prison, ce qui inclut le temps déjà passé en détention, ainsi qu’à deux ans de privation des droits politiques. Li Qiaochu , qui devrait être libérée le 3 août 2024, a déclaré qu’elle comptait faire appel de cette condamnation.
Les travaux de cette militante et chercheuse portent sur les droits des femmes et les droits des travailleurs et travailleuses. Elle a pour commencer été convoquée par la police le 31 décembre 2019, puis détenue pendant 24 heures au Bureau de la sécurité publique de Pékin, où elle a été questionnée sur le lieu où se trouvait son compagnon Xu Zhiyong, qui avait participé à une réunion informelle de militant·e·s dans la ville de Xiamen (sud-est du pays), ce mois-là.
Après avoir critiqué en ligne, le 9 janvier 2020, la façon dont la police l’avait traitée, Li Qiaochu a été placée en garde à vue le 16 février 2020 et détenue au secret dans le cadre d’une « résidence surveillée dans un lieu désigné », mesure permettant aux enquêteurs criminels de priver des personnes de liberté pour une durée pouvant atteindre six mois, en dehors du système de détention officiel, ce qui s’apparente à une forme de détention secrète. Cinq États ont demandé à la Chine d’abroger cette mesure lors de l’Examen périodique universel du pays le mois dernier.
Libérée sous caution le 19 juin 2020, elle a de nouveau été arrêtée le 14 mars 2021 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État », après avoir tweeté sur les conditions de vie éprouvantes au centre de détention du canton de Linshu, où Xu Zhiyong était incarcéré. Selon l’acte d’accusation, Li Qiaochu a été inculpée d’« incitation à la subversion » parce qu’elle « est la compagne de Xu Zhiyong et est profondément influencée par les pensées subversives de celui-ci », et qu’elle est réputée « diffuser des pensées subversives » en aidant Xu Zhiyong à publier ses « articles subversifs » en ligne, ce qui fait référence à un blog qu’elle tenait tandis que Xu Zhiyong était en détention.
Avant sa condamnation, Li Qiaochu était incarcérée dans un centre de détention à Linyi, dans la province de Shandong, et sa famille s’était inquiétée de la détérioration de sa santé mentale.
Le 10 avril 2023, son compagnon Xu Zhiyong a été condamné à 14 ans de prison pour « subversion du pouvoir de l’État ».
Les défenseur·e·s des droits humains de Chine continuent d’être victimes d’actes d’intimidation, de manœuvres de harcèlement, de détention arbitraire, de torture et d’autres formes de mauvais traitements pour avoir défendu les droits humains et exercé leurs libertés d’expression et d’association. Les actes de harcèlement et d’intimidation de ce genre s’étendent souvent aux membres de leur famille et à leurs collègues.