CHINE. Des responsables ouïghours de site Internet condamnés pour des infractions liées à la sûreté de l’État

Index AI : PRE 01/263/2010

ÉFAI - 30 juillet 2010

Amnesty International a dénoncé le procès et la condamnation à huis clos de trois responsables ouïghours de site Internet pour des infractions ayant trait à la sûreté de l’État.

D’après les informations fournies par Dilmurat Perhat, frère de Dilshat Perhat, le 21 juillet, un tribunal d’Ürümqi a condamné ce dernier, administrateur et propriétaire du site Diyarim, à cinq ans d’emprisonnement, Nureli, administrateur du site Salki, à trois ans, et Nijat Azat, administrateur du site Shabnam, à 10 ans.

Ces trois sites Web figuraient parmi les plus populaires des espaces de discussion d’actualité et de société en langue ouïghoure existant au Xinjiang avant les émeutes du 5 juillet 2009.

« Les initiatives du gouvernement chinois pour contrôler toute l’activité Internet au Xinjiang ne réduiront pas au silence les personnes qui ont de véritables raisons de se plaindre, a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Ces trois responsables ouïghours de site Internet doivent être libérés. »

Dilmurat Perhat a été sommé à plusieurs reprises par les autorités du Xinjiang de ne pas parler aux médias de la situation de son frère Dilshat. Jusqu’à présent, il leur obéissait de crainte que ce dernier ne soit condamné. « Mais aujourd’hui, je ne suis pas inquiet puisque mon frère a déjà été condamné, a-t-il expliqué à Amnesty International depuis le Royaume-Uni.

« Ces accusations portées par le gouvernement contre mon frère et les autres sites ouïghours concernaient des atteintes à la sûreté de l’État, mais ils n’ont rien fait, a ajouté cet homme qui a participé à la gestion du site Internet Diyarim.

« Mon frère a toujours soutenu le gouvernement chinois. Nous avons dirigé le site Web de 2002 à 2009 – pendant sept ans, nous n’avons eu aucun problème avec les autorités. »

Selon lui, le caractère secret des procès d’Ürümqi découle de la crainte des autorités que des protestations n’aient lieu, car « le gouvernement chinois n’a aucune preuve pour condamner ces personnes ».

Il pense que ces administrateurs de site ont fait l’objet de pressions de la part des autorités en raison d’articles postés par des anonymes sur leur page Web avant les émeutes du 5 juillet 2009 à Ürümqi. Ces troubles ont fait 197 morts d’après les chiffres officiels et plus de 1 400 personnes ont été arrêtées.

Les recherches effectuées par Amnesty International sur les émeutes semblent indiquer que les autorités chinoises ont eu recours à une force excessive pendant et après ces événements, qu’elles ont arrêté arbitrairement des Ouïghours et qu’elles ont maltraité des détenus. Les conclusions de l’organisation ont été publiées en juin 2010 sous le titre “Justice, justice” : The July 2009 protests in Xinjiang, China.

À partir du 3 juillet 2009, Dilshat Perhat a contacté les forces de l’ordre cinq ou six fois pour leur signaler que des articles appelant à une manifestation pacifique avaient été postés anonymement sur le site Diyarim et qu’il les avait supprimés. Un avis de manifestation a de nouveau été publié à 3 h 30 le dimanche 5 juillet sur Diyarim, Salkin et Shabnam, et les administrateurs de ces sites n’ont pu le supprimer que plus tard dans la journée.

À la suite des émeutes, ces trois sites Internet ont été fermés par des censeurs gouvernementaux.

Amnesty International demande la libération de ces responsables de sites Internet en langue ouïghoure, ainsi que celle de tous les autres Ouïghours détenus arbitrairement.

Un éminent journaliste ouïghour, Hairat Niyaz, a récemment été condamné à 15 ans d’emprisonnement à l’issue d’un procès qui s’est déroulé secrètement à Ürümqi, pour avoir simplement accordé des interviews à des médias hongkongais.

En avril 2010, l’écrivaine ouïghoure Gulmira Imin, qui avait contribué au site Salkin, a été condamnée à la réclusion à perpétuité pour « séparatisme, divulgation de secrets d’État et organisation d’une manifestation illégale ». Pendant son procès, elle a affirmé avoir été torturée et soumise à d’autres formes de mauvais traitements en détention.

Documents connexes

“Justice, justice” : The July 2009 protests in Xinjiang, China
http://www.amnesty.org/en/library/info/ASA17/027/2010/en

La Chine condamne un journaliste ouïghour à une peine de 15 ans d’emprisonnement
http://www.amnesty.org/fr/news-and-updates/china-sentences-uighur-journalist-15-year-prison-term-2010-07-23

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