Chine : des détracteurs du gouvernement portés disparus dans un contexte de répression grandissante de l’opposition

5 mai 2011

Les autorités chinoises doivent faire la lumière sur la situation actuelle d’un avocat et d’un journaliste qui ont disparu au cours de la semaine écoulée et révéler le lieu où ils se trouvent, a déclaré Amnesty International jeudi 5 mai, alors que la répression visant les militants semblait s’intensifier.

Li Xiongbing, un éminent avocat de Pékin spécialisé dans la défense des droits humains, connu pour avoir pris en charge des affaires politiquement sensibles, a disparu depuis mercredi 4 mai après avoir reçu un appel téléphonique de la police.

Zhang Jialong, 23 ans, un ancien journaliste du magazine Caijing qui a suivi l’arrestation et la détention du célèbre artiste Ai Weiwei, a disparu le 28 avril après avoir été, selon certaines sources, abordé par une personne affirmant représenter la police de Pékin.


« La soudaine disparition de ces militants est inquiétante ; les autorités doivent immédiatement faire la lumière sur le lieu où se trouvent Li Xiongbing et Zhang Jialong. S’ils sont détenus en raison de leur travail légitime en faveur des droits humains, ils doivent être libérés
, a souligné Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Leur disparition s’inscrit dans une tendance générale à la répression des avocats, des écrivains et des détracteurs du gouvernement ; les autorités tentent d’intimider et de réduire au silence toute personne qui évoque des sujets sensibles ou ose défendre des victimes de violations des droits humains. »

Les familles de Li Xiongbing et de Zhang Jialong n’ont pas été officiellement informées par les autorités de leur arrestation, ni du lieu où ils se trouvent.

L’épouse de Li Xiongbing, Wu Haiying, affirme qu’elle a eu de ses nouvelles pour la dernière fois mercredi après-midi, lorsqu’il l’a appelée pour dire qu’il serait absent pendant quelques jours. Depuis, elle n’a pas pu le joindre par téléphone.

Selon la Fédération internationale des journalistes, Zhang Jialong a également rendu compte des suites du scandale du lait frelaté de la société Sanlu. Six enfants sont morts et 300 000 sont tombés malades après avoir bu du lait maternisé contaminé à la mélamine en 2008.

Li Xiongbing a représenté Gongmeng, une organisation d’assistance juridique, et Aizhixing, une ONG de lutte contre le sida, qui a fait l’objet de restrictions administratives et d’avertissements émanant de la police. Son directeur Wan Yanhai s’est exilé en 2010 pour échapper à la persécution gouvernementale.

Depuis que des appels en faveur de l’organisation en Chine d’une « révolution de jasmin » inspirée par les mouvements populaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont commencé à circuler sur Internet fin février, les autorités chinoises ont arrêté des dizaines de militants, d’avocats et de blogueurs.

L’avocat et défenseur des droits humains Li Fangping est rentré chez lui mercredi 4 mai après avoir disparu pendant cinq jours. Il a refusé de parler des événements de la semaine passée.

L’écrivain et militant des droits humains Ding Fangguan (alias Gu Chuan) et les avocats Jiang Tianyong et Teng Biao ont été libérés le mois dernier mais sont toujours illégalement assignés à domicile.

Ding Fangguan n’a pas encore pu ou voulu décrire en détail le traitement qu’il a subi lors de ses 62 jours de détention au secret.


« Les attaques visant les avocats en particulier sont le signe d’un grand pas en arrière du gouvernement chinois par rapport à son engagement vis-à-vis de l’état de droit et du développement de la profession juridique »
, a ajouté Sam Zarifi.

En Chine, parmi les plus de 200 000 avocats en exercice, seule une poignée prend le risque de défendre des victimes de violations des droits humains. Ces avocats constituent une partie importante du mouvement pour la défense des droits, qui s’appuie sur les lois chinoises pour protéger les droits des personnes.

Comme d’autres défenseurs des droits humains en Chine, ils sont harcelés, agressés, placés sous surveillance et poursuivis parce qu’ils protègent les droits d’autres personnes.

Les autorités chinoises leur imposent également des sanctions administratives totalement arbitraires : elles infligent notamment des amendes aux cabinets juridiques qui emploient des avocats spécialistes de la défense des droits.

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