En apprenant que le défenseur des droits humains Wu Gan avait été condamné à huit ans d’emprisonnement le 26 décembre à Tianjin et que l’avocat spécialiste des droits humains Xie Yang avait été déclaré coupable, sans toutefois se voir infliger de peine, à Changsha le même jour, à la suite d’un report d’audience, Patrick Poon, spécialiste de la Chine à Amnesty International, a déclaré :
« Il est honteux que les autorités chinoises aient choisi le lendemain de Noël pour traiter le cas de deux des personnes qui se trouvaient dans un flou juridique à la suite de la répression sans précédent dont ont été victimes des avocats spécialistes des droits humains et des défenseurs des droits humains en juillet 2015. Juger des défenseurs des droits humains de manière inique et leur infliger des condamnations sous-tendues par des considérations politiques au moment où les diplomates, les journalistes, les observateurs internationaux et le grand public sont le moins susceptibles de réagir est très certainement un cynique calcul politique.
« Le fait que l’État chinois tente d’échapper au regard de la presse et de la communauté internationale prouve en réalité qu’il sait pertinemment que ces parodies de procès ne résisteraient pas à l’examen.
« Wu Gan et Xie Yang n’auraient jamais dû être détenus, encore moins déclarés coupables d’une infraction, alors qu’ils n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression. »
La Chine a déjà intenté des actions sous-tendues par des considérations politiques à l’encontre de célèbres militants au moment de Noël. Le dissident chinois de premier plan Hu Jia a été arrêté le 27 décembre 2007. Liu Xiaobo, qui s’est vu ensuite décerner le prix Nobel de la paix avant de décéder en détention en 2017, avait été condamné à 11 ans d’emprisonnement le 25 décembre 2009 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ».
Wu Gan est détenu depuis mai 2015. Xie Yang a été arrêté en juillet 2015 et libéré sous caution après avoir « avoué » les faits qui lui étaient reprochés lors de son procès, en mai 2017. Ces deux affaires ont été très médiatisées, aussi bien en Chine qu’à l’étranger.
Complément d’information
Le 9 juillet 2015, les autorités chinoises ont lancé une répression sans précédent contre les avocats spécialistes des droits humains et d’autres militants. Dans les semaines qui ont suivi, près de 250 avocats et militants ont été interrogés ou détenus par des agents chargés de la sûreté de l’État et, dans de nombreux cas, des perquisitions ont été effectuées à leur bureau et à leur domicile. Certains de leurs proches ont aussi fait l’objet d’une surveillance policière, subi des actes de harcèlement et vu leur droit de circuler librement soumis à des restrictions.