CHINE. Un journaliste ouïghour est condamné à une peine d’emprisonnement de 15 ans

ÉFAI - 23 juillet 2010

Amnesty International s’insurge contre la peine de 15 ans d’emprisonnement qui aurait été prononcée contre un journaliste ouïghour qui avait averti les autorités chinoises de possibles violences ethniques dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang à la veille des émeutes de juillet 2009.

Hairat (alias Hailaite ou Gheyret) Niyaz aurait été jugé ce vendredi 23 juillet 2010 et condamné pour des infractions liées à la sûreté de l’État par un tribunal du Xinjiang.

Selon certaines informations, le ministère public s’est fondé sur des essais qu’il a écrits avant les émeutes ayant secoué Ürümqi, capitale du Xinjiang, en juillet 2009, et sur des interviews qu’il a accordées à des médias de Hong Kong après ces événements.

« Une peine de 15 ans d’emprisonnement est une sanction inadmissible pour un journaliste qui fait écho aux revendications de longue date du peuple ouïghour, a déclaré Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Elle est d’autant plus révoltante qu’Hairat Niyaz, en tant que " citoyen ordinaire doté d’une conscience ", selon ses propres termes, avait exhorté les autorités à prendre des mesures d’urgence afin de prévenir les violences ethniques. »

Hairat Niyaz a été arrêté en octobre 2009 parce que, selon la police, il avait « accordé trop d’interviews ».

Lors de ces entretiens, il avait mis l’accent sur le durcissement des revendications contre la mise en œuvre de la politique d’éducation dite « bilingue » qui avait débouché sur le licenciement de nombreux enseignants ouïghours.

Il avait évoqué le ressentiment croissant de la population locale contre les initiatives en faveur de l’emploi qui conduisent de jeunes Ouïghours, principalement des femmes, à travailler dans des usines du sud de la Chine.

« Hairat Niyaz est un prisonnier d’opinion et il doit être libéré immédiatement”, a assuré Catherine Baber.

Lors de son procès, Hairat Niyaz a été privé du droit d’être représenté par un avocat de son choix et seule sa femme a été autorisée à assister aux audiences.

Au cours du procès, il a insisté sur le fait qu’il n’avait enfreint aucune loi et n’avait fait que son devoir en tant que citoyen et journaliste.

Journaliste reconnu, Hairat Niyaz est l’administrateur de Uighurbiz, l’un des sites Internet accusés d’avoir encouragé les émeutes de juillet. Il est journaliste chevronné du Xinjiang Economic Daily, rédacteur en chef de l’édition du Xinjiang du Fazhi Ribao (le Quotidien juridique) et directeur adjoint du magazine juridique Fazhi Zongheng.

« Les témoignages d’Hairat Niyaz et d’autres personnes ayant assisté aux émeutes doivent faire l’objet d’enquêtes ouvertes si nous voulons que la vérité éclate sur ce qui s’est passé en juillet 2009 dans le Xinjiang », a indiqué Catherine Baber.

Amnesty International demande la tenue d’une enquête indépendante sur les violences de juillet 2009, afin d’établir les raisons de ces violences et les instigateurs, le nombre de victimes et les responsables.

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