CHINE. Les militants des droits humains ne sont pas les bienvenus pour les fêtes du 60e anniversaire

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
28 septembre 2009

À l’approche du 60e anniversaire de la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre, les autorités de Pékin ont intensifié les arrestations, les mesures de surveillance et les actes de harcèlement contre les militants des droits humains, a déclaré Amnesty International ce lundi 28 septembre. Le gouvernement veut empêcher ces personnes de porter sur la place publique des préoccupations en matière de droits humains qui viennent ternir l’image officielle d’harmonie sociale.

Amnesty International estime que plusieurs centaines de militants et de dissidents sont sous le coup d’une mesure de surveillance ou d’assignation à domicile, et que plusieurs milliers de « pétitionnaires » sont actuellement expulsés de Pékin. L’organisation continue de recevoir des informations faisant état de l’incarcération dans des « prisons noires » et d’autres centres de détention clandestins en dehors de Pékin de ces personnes venues faire valoir leurs droits auprès des autorités centrales.

« Le gouvernement chinois veut glorifier les avancées du pays en prenant garde qu’aucune voix dissidente ni aucune plainte ne se fasse entendre, a déclaré Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Il ne fait ainsi que mettre en avant sa propre peur de donner aux citoyens chinois la possibilité véritable de s’exprimer sur la réalité de leur vie, sous ses bons et ses mauvais aspects. »

Les autorités ont accru ces dernières semaines la surveillance des « pétitionnaires », des défenseurs des droits humains, des pratiquants de certaines religions et des membres de minorités ethniques, afin d’empêcher ces citoyens de soulever publiquement des questions relatives aux droits humains à l’occasion des célébrations de la fête nationale.

Les « pétitionnaires » sont les personnes qui cherchent à obtenir justice directement auprès des autorités centrales pour des plaintes pour lesquelles elles n’ont pas obtenu satisfaction à l’échelle locale.

Selon des informations diffusées le 25 septembre par les médias locaux, les organes du gouvernement central chargés des « pétitionnaires » – le bureau d’État des Lettres et Visites » et le bureau de la Sécurité publique – ont demandé aux autorités locales d’examiner leurs registres et de placer sous surveillance, jusqu’à nouvel ordre, toute personne ayant déposé une « pétition ».

Il arrive fréquemment avant les événements ou célébrations d’importance majeure que les autorités de Pékin renvoient de force les « pétitionnaires » dans leur ville d’origine. Elles pensent en effet que ces personnes vont donner une mauvaise image du pays au plan international.

« Nous demandons aux autorités de lever immédiatement et sans condition toutes les restrictions qui pèsent sur les défenseurs des droits humains et de remettre en liberté tous les prisonniers d’opinion détenus dans le pays », a déclaré Roseann Rife.

Amnesty International a relevé récemment les faits exposés ci-dessous.
Zeng Jinyan, épouse d’un militant des droits humains incarcéré, Hu Jia, a été priée par les autorités de quitter Pékin le 25 septembre et de ne pas revenir avant le 10 octobre. Cette femme est étroitement surveillée depuis le placement en détention de son époux, en avril 2008, et les activités de défense des droits humains menées par le couple ont été dans les faits pratiquement stoppées.

– Le 23 septembre, la police a informé l’avocat de Liu Xiaobo, un militant des droits humains actuellement privé de liberté, que son client, soupçonné d’«  incitation à la subversion de l’État », était maintenu en détention à des fins d’enquête. Liu Xiabo a été arrêté par la police à son domicile, à Pékin, le 8 décembre 2008, deux jours avant le lancement prévu de la Charte 08, un programme de réformes juridiques et politiques de fond pour le pays.

– Plusieurs militants de Pékin ont été contraints de quitter la ville à la mi-septembre. Parmi eux se trouvaient Gao Hongming, ancien prisonnier politique et membre du Parti démocratique chinois, Wang Ling, une militante du droit au logement envoyée en rééducation par le travail pendant la durée des Jeux olympiques de 2008, et Qi Zhiyong, un militant en faveur de la démocratie aujourd’hui handicapé à la suite d’une blessure par balle subie lors de la répression des manifestations de la place Tiananmen, en 1989.

– La famille de Tian Qizhuang, l’un des directeurs de l’Open Constitution Initiative (OCI), n’a pas vu cet homme depuis le 22 septembre. Le 24 septembre, il a appelé son fils pour dire qu’il était surveillé par la police et demander qu’on lui prépare quelques vêtements. Le fondateur de l’OCI, Xu Zhiyong , reste placé sous surveillance, tandis que la trésorière, Zhuang Lu, n’a pu avoir que des contacts restreints avec ses proches depuis sa remise en liberté, le 23 août.

– Une vingtaine de policiers en civil sont postés devant le domicile de Yuan Weijing, dont le mari, le militant Chen Guangcheng, est incarcéré. Le téléphone de cette femme est coupé de temps à autre. Yuan Weijing et son époux défendaient les droits de personnes handicapées et de femmes victimes d’atteintes aux droits humains commises dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de planification familiale à Linyi, dans la province du Shandong.

– Dans la province du Zhejiang, des policiers sont postés devant le domicile de plusieurs membres du Parti démocratique chinois (interdit), parmi lesquels Zhu Zhengming, Zhu Yufu, Mao Qingxiang et Hu Xiaoling. Il s’agit d’empêcher ces militants de quitter les lieux.

– En septembre dans la province du Hunan, un autre membre du Parti démocratique chinois, Xie Changfa, a été condamné à treize ans d’emprisonnement pour « subversion ». Cette peine est l’une des plus lourdes infligées à un militant politique ou un défenseur des droits humains au cours des dernières années.

Yang Xinmei, Li Suping, Wang Lina et Sun Li, originaires de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, ont été arrêtées à Pékin à la fin du mois d’août. Ces quatre femmes avaient saisi les autorités centrales de plusieurs plaintes, pour confiscation de terre et erreur judiciaire notamment. Après quinze jours de détention administrative, elles ont été envoyées en camp de rééducation par le travail pour deux ans. Les autorités évitent ainsi qu’elles ne soulèvent de nouvelles doléances à l’occasion des célébrations de la fête nationale.

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