Chine. Obama doit insister auprès des autorités pour qu’elles respectent les droits humains

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
13 novembre 2009

Le président Obama devrait mettre à profit sa première visite officielle en Chine pour exhorter les autorités à renverser la tendance à l’augmentation des violations des droits humains dans ce pays, a déclaré Amnesty International.

Dans une lettre ouverte à Barack Obama l’organisation a rappelé au président des États-Unis qu’il lui incombait d’appeler publiquement de ses vœux une amélioration de la situation déplorable des droits humains en Chine lors de sa visite dans le pays les 15, 16 et 17 novembre.

Des milliers de militants et avocats spécialisés dans la défense des droits humains continuent d’être victimes d’arrestations arbitraires, de manœuvres d’harcèlement et d’incarcérations, et le nombre d’exécutions judiciaires en Chine est supérieur au nombre total d’exécutions dans le reste du monde.

«  La croissance économique fulgurante du pays n’a pas empêché le gouvernement chinois de renforcer sa lutte contre toute critique ou remise en cause du régime, a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Le président Obama doit montrer lors de sa visite que les États-Unis placent les droits humains au cœur de leurs relations avec la Chine. »

Amnesty International suit le cas de nombreuses personnes placées en détention administrative dans le cadre, notamment, du programme de «  rééducation par le travail » qui permet de détenir quelqu’un sans jugement jusqu’à quatre ans.

Les forces de l’ordre se rendent systématiquement coupables d’actes de torture qui, dans de nombreux cas, peuvent provoquer la mort des personnes détenues.

Parce qu’ils protègent les droits d’autres personnes, les avocats spécialisés dans les droits humains sont en butte à des actes de harcèlement et d’intimidation ; ils sont agressés, enlevés, espionnés, placés en résidence surveillée ; ils sont victimes de disparition forcée ; ils peuvent être poursuivis au pénal.

Rien qu’au cours des six premiers mois de l’année 2009, Amnesty International a recensé au moins quatre cas d’avocats ayant fait l’objet de menaces violentes, dix cas d’avocats n’ayant pas pu rencontrer leur client ou le représenter lors du procès, et au moins quatre cas d’avocats détenus pendant de courtes périodes, un mois pour l’un d’entre eux, en raison de leur travail en faveur des droits humains.

L’annonce ces jours-ci de l’exécution par les autorités de huit Ouïghours et d’un Han pour leur rôle présumé dans les émeutes de juillet fait apparaître de manière criante à quel point il est nécessaire que le gouvernement américain insiste auprès des autorités chinoises pour qu’une enquête indépendante, impartiale et transparente soit menée sur les événements entourant les émeutes de juillet.

Les Ouïghours et les autres membres de minorités ethniques et religieuses tels que les Tibétains et les pratiquants du Fa Lun Gong continuent d’être maltraités et persécutés.

« Bien qu’il ait adopté un plan d’action en faveur des droits humains après la tenue des Jeux olympiques l’année dernière, le gouvernement chinois doit encore faire la preuve de la sincérité de son engagement à respecter ses obligations internationales en termes de droits humains », a estimé Sam Zarifi.

Amnesty International appelle la Chine à témoigner de son engagement en faveur des droits humains en mettant en œuvre immédiatement les mesures essentielles suivantes :

• abolition du système de détention de « rééducation par le travail ». De nombreuses voix vont dans ce sens à l’intérieur même de la Chine. À la veille de l’ouverture des Jeux olympiques, une lettre ouverte demandant l’abolition de la « rééducation par le travail » avait rassemblé 15 000 signatures ;

• ouverture d’une enquête publique et indépendante sur la répression de ceux qui manifestaient en faveur de la démocratie sur la place Tiananmen en 1989. Les défenseurs et militants des droits humains sont harcelés et surveillés par la police lorsqu’ils demandent aux autorités d’assumer leurs responsabilités en ce qui concerne la répression de 1989 ;

• levée des restrictions et obstacles à la liberté de culte. Des milliers de personnes sont détenues en raison de leurs activités religieuses ;

• fin de la répression des Tibétains et des Ouïghours et respect de leur identité ethnique, culturelle et religieuse. Les Tibétains et les Ouïghours sont la cible de violations graves et systématiques des droits humains telles que détention arbitraire, torture, restriction de la liberté de culte et discrimination à l’embauche.

L’organisation demande également au président Obama d’exhorter la Chine à :

• libérer Shi Tao, journaliste condamné à dix ans d’emprisonnement après avoir été accusé d’avoir « illégalement fourni des secrets d’État à des entités étrangères » parce qu’il avait envoyé un courriel à un site web basé aux États-Unis. Les procès-verbaux d’audience ont montré que l’un des éléments de preuve retenus était les informations sur le compte personnel de Shi Tao fournies à la police par le fournisseur de services Internet Yahoo ! Inc ;

• libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes arrêtées uniquement pour avoir manifesté pacifiquement, y compris pour avoir soutenu le dalaï-lama, l’indépendance du Tibet ou une plus grande autonomie de la région ;

• libérer le prisonnier d’opinion Ablikim Abdiriyim, fils de la militante ouïghoure Rebiya Kadeer. Cet homme purge une peine de neuf ans d’emprisonnement dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang pour « incitation et menées sécessionnistes ». Il est à craindre que les aveux d’Ablikim Abdiriyim lui aient été arrachés sous la torture. Ablikim Abdiriyim avait été arrêté avec plusieurs membres de sa famille en mai 2006. Leur détention les avait empêchés d’assister à une rencontre prévue avec une délégation du Congrès des États-Unis. Son frère Alim Abdiriyim est également incarcéré pour évasion fiscale, inculpation qui pourrait être à caractère politique ;

• veiller au respect du droit des avocats spécialisés dans les droits humains à faire leur travail sans être harcelés, intimidés, soumis à des actes de violence ou menacés de poursuites pénales.

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