Réagissant à la tentative manquée de la Chine, des Philippines et du Burundi d’obtenir le rejet d’une résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur la situation des Rohingyas et d’autres minorités du Myanmar, Nicholas Bequelin, directeur du programme Asie de l’Est à Amnesty International, a déclaré :
« L’adoption de la résolution de ce jour illustre l’ampleur des préoccupations de la communauté internationale pour les centaines de milliers de Rohingyas qui ont été si brutalement affectés par les crimes contre l’humanité actuellement perpétrés dans l’État d’Arakan, au Myanmar. En votant contre, la Chine et d’autres États ont montré à quel point ils sont en décalage avec l’opinion mondiale en ce qui concerne cette crise.
« La Chine dispose des ressources diplomatiques, humanitaires et économiques nécessaires pour améliorer de manière tangible le sort des Rohingyas. Mais ses manœuvres actuelles visent uniquement à permettre que des crimes terribles restent impunis.
« Heureusement, la résolution a été adoptée malgré ses détracteurs, et des États de toutes les régions du monde se sont engagés positivement à son sujet. La communauté internationale doit désormais redoubler d’efforts pour appeler les autorités du Myanmar, et en particulier ses dirigeants militaires, à mettre fin immédiatement aux violences et aux discriminations à l’égard des Rohingyas et d’autres minorités, et à permettre un accès sans entrave de la Mission d’établissement des faits des Nations unies, de l’aide humanitaire et d’observateurs indépendants de la situation des droits humains.
« Cela est indispensable pour poser les bases qui permettront de faire respecter l’obligation de répondre des atrocités commises contre les femmes, les hommes et les enfants rohingyas, et pour permettre le retour de centaines de milliers de réfugiés rohingyas sur une base volontaire, en toute sécurité et dans la dignité. »
Complément d’information
Dans la résolution de ce jour, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a condamné les violations systématiques et flagrantes des droits humains commises au Myanmar, en particulier contre les Rohingyas dans l’État d’Arakan. Outre les trois voix contre la résolution, le vote d’aujourd’hui s’est soldé par neuf abstentions et 33 voix pour.
Plus de 620 000 personnes ont rejoint le Bangladesh en l’espace de quelques mois, fuyant la campagne de violence ciblée menée par les forces de sécurité contre les Rohingyas. Un nombre indéterminé de femmes, d’hommes et d’enfants ont été tués, des femmes et des filles ont été violées, des mines antipersonnel ont été posées et des villages rohingyas entiers ont été incendiés.
Les Rohingyas qui sont toujours dans le pays sont pris au piège d’un système d’apartheid déshumanisant, soutenu par l’État, qui limite fortement leurs possibilités dans quasiment tous les domaines. Il est essentiel de démanteler ce système d’apartheid pour que les centaines de milliers de Rohingyas qui ont fui le pays puissent y retourner de manière volontaire et dans la sécurité et la dignité.
Amnesty International a également recueilli des informations montrant que des violations des droits humains de grande ampleur sont commises par les forces de sécurité du Myanmar contre d’autres minorités ethniques, en particulier dans l’État kachin et dans le nord de l’État chan. Il s’agit notamment d’exécutions extrajudiciaires et d’autres homicides illégaux, de disparitions forcées et de détentions arbitraires, d’actes de torture et de