Les forces de la coalition dirigée par les États-Unis effectuant des frappes aériennes en Syrie doivent redoubler d’efforts afin de prévenir les morts civiles, et enquêter sur de possibles atteintes au droit international humanitaire, a déclaré Amnesty International face aux informations de plus en plus nombreuses selon lesquelles des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été tués chez eux dans le village d’al Tukhar, près de Manbij, entre les 18 et 19 juillet.
Depuis juin, plus de 100 civils auraient péri lors d’attaques que la coalition a semble-t-il menées dans la zone de Manbij (nord de la Syrie), qui est contrôlée par le groupe armé se faisant appeler État islamique (EI).
« Il est possible que le bombardement d’al Tukhar se soit soldé par les pertes humaines les plus importantes causées par les opérations de la coalition en Syrie. Une enquête indépendante et transparente doit être ouverte dans les meilleurs délais afin de déterminer ce qui s’est passé, qui est responsable, et comment éviter de nouvelles pertes civiles injustifiées. Tout responsable présumé de violations du droit international humanitaire doit être traduit en justice, et les victimes et familles de victimes doivent recevoir des réparations complètes », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Des informations préoccupantes fournies par des militants locaux, ainsi que des éléments photographiques et vidéo, permettent de penser qu’au moins 60 civils sont morts lors de frappes aériennes ces derniers jours dans le village d’al Thukar, près de Manbij, dans le gouvernorat d’Alep. Il risque d’être difficile d’établir le nombre de victimes, car selon des informations relayées par les médias, des membres de familles locales ont été ensevelis lorsque les frappes se sont abattues sur leurs maisons d’argile ou d’adobe.
Le commandement militaire américain a déclaré que les forces menées par les États-Unis ont effectué 11 frappes le 18 juillet et 18 le 19 juillet contre ce qu’il a affirmé être des unités tactiques et postes de combat de l’EI près de Manbij.
Amnesty International a examiné les informations disponibles sur des dizaines de frappes semblant avoir été menées par la coalition, et a constaté que dans la majorité des cas où des victimes civiles ont été signalées, la coalition a nié les faits.
« Le droit international humanitaire exige que toutes les parties à un conflit évitent la perte injustifiée de vies civiles. Même si les forces de la coalition pensaient que des combattants du groupe armé se faisant appeler État islamique étaient présents autour d’al Tukhar, elles auraient dû prendre les précautions qui s’imposaient pour déterminer qui d’autre se trouvait sur place, afin d’éviter ou au moins de limiter les pertes civiles », a déclaré Magdalena Mughrabi.
Ces derniers homicides en date s’ajoutent aux centaines de morts civiles causées en Syrie par les frappes aériennes des forces de la coalition contre l’EI depuis septembre 2014. Les médias ont par ailleurs fait état de pertes civiles résultant d’opérations de la coalition en Irak.
Amnesty International demandera des éclaircissements au commandement militaire américain sur une série d’autres frappes aériennes ayant fait des victimes civiles, et qui semblent avoir porté atteinte au droit international humanitaire.