COLOMBIE : Le droit de défendre les droits humains

Index AI : AMR 23/101/02

La Colombie célèbre aujourd’hui (lundi 9 septembre 2002) sa journée nationale des droits humains et Amnesty International a saisi cette occasion pour rappeler au monde entier que ceux qui défendent ces droits mettent souvent leur vie en péril.

L’organisation a exprimé sa vive préoccupation au sujet de la déclaration récente du ministre de l’Intérieur au Congrès selon laquelle le bureau des droits humains de son ministère « ne devrait pas exister ».

« Du fait que les préoccupations sécuritaires occupent une place de plus en plus importante – compte tenu en particulier de la « guerre contre le terrorisme » menée à l’échelle mondiale – et que les autorités colombiennes ont intensifié la riposte militaire face aux groupes armés d’opposition, la marge de manœuvre en ce qui concerne les droits humains est de plus en plus restreinte et ceux qui luttent pour les défendre sont confrontés à une hostilité et un danger croissants », a déclaré Amnesty International.

Lors d’un événement public organisé aujourd’hui devant le Congrès colombien à Bogotá, l’organisation a exprimé le soutien de milliers de ses membres aux hommes et aux femmes qui continuent avec courage et dévouement à défendre les droits de tous les Colombiens dans les circonstances les plus éprouvantes qui soient.

Amnesty International s’est dite préoccupée par le fait que certaines des mesures proposées par le président Álvaro Uribe pour combattre les exactions de la guérilla risquaient d’accentuer encore la dégradation de la situation des droits humains en Colombie.

« La sécurité ne peut être établie en sacrifiant les droits humains, a déclaré l’organisation. La Colombie a besoin au contraire de mesures qui renforcent les libertés et les droits les plus élémentaires. C’est un engagement renouvelé à protéger les droits humains, par le biais en particulier des défenseurs des droits humains, qui permettra aux autorités d’instaurer une sécurité véritable et durable et aux Colombiens de vivre en paix, avec le sentiment que leur droit à la justice est respecté. »

Rien qu’au cours de la semaine dernière, deux défenseurs des droits humains ont été tués, l’un dans le département du Meta et l’autre dans celui du Norte de Santander. Au cours des dernières années, de très nombreuses personnes qui œuvraient pour le respect des droits humains ont été tuées ou ont « disparu ». Des centaines d’entre elles ont reçu des menaces de mort, ont été victimes d’agressions et de manœuvres d’intimidation ou ont été contraintes de quitter la Colombie par crainte pour leur vie. Dans les régions rurales, où la violence est la plus marquée, le niveau de persécution est tel que les organisations de défense des droits humains ne peuvent plus intervenir.

« Défendre les droits humains est un droit reconnu par la communauté internationale, et les gouvernements se doivent de le respecter et de le protéger, a déclaré Amnesty International. L’objectif des défenseurs des droits humains est de faire en sorte que les droits de la personne n’apparaissent pas comme superflus mais soient au contraire valorisés et respectés comme des éléments indispensables pour assurer la protection et la sécurité de l’ensemble de la population. »

Amnesty International a exhorté le président Uribe à faire de l’élaboration d’une politique et d’un plan d’action sur les droits humains une priorité.

« Ce plan d’action devra prendre en compte les graves problèmes auxquels sont confrontés les défenseurs des droits humains à l’heure actuelle en Colombie. Ces personnes ne peuvent continuer à payer de leur vie la défense des droits les plus élémentaires de tout individu. »
L’organisation a rappelé que les recommandations du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme n’avaient pas encore été mises en œuvre et qu’au lieu d’être remis en cause le programme de protection du ministère de l’Intérieur avait besoin au contraire d’être renforcé.

« Il faut établir au plus haut niveau le dialogue entre les défenseurs des droits humains et le gouvernement en vue de revoir et d’améliorer la stratégie de protection des défenseurs des droits humains en Colombie », a conclu l’organisation.

La section canadienne anglophone d’Amnesty International organise à 15 heures aujourd’hui au Salón Boyacá du Capitolio Nacional à Bogotá un événement public en soutien aux défenseurs des droits humains en Colombie. Des courtepointes fabriquées par des membres d’Amnesty International au Canada seront remises en signe de solidarité aux organisations colombiennes de défense des droits humains.

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