Colombie. Un laboratoire de guerre : éruption de violence en Arauca

Index AI : AMR 23/000/2004
ÉFAI

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

(Madrid) La crise des droits humains dans la région proche de la frontière
et riche en pétrole d’Arauca s’aggrave à mesure que les factions en guerre
intensifient leurs efforts pour contrôler par la force les ressources
naturelles du département, a averti Amnesty International ce mardi 20 avril
2004.

La crise en Arauca, ce département en bordure de la frontière nord de la
Colombie avec le Vénézuéla, a été attisée par l’offensive militaire et
sécuritaire menée dans cette région depuis deux ans par le gouvernement,
soutenu par des formations paramilitaires et de puissants intérêts
économiques et militaires internationaux, principalement américains.

Les groupes de la guérilla, depuis longtemps présents en Arauca, ont réagi,
se rendant coupables d’infractions nombreuses et répétées au droit
international humanitaire pour tenter de repousser l’avance des militaires
et des paramilitaires.

Dans un nouveau rapport rendu public ce mardi 20 avril, Amnesty
International condamne la stratégie de contre-insurrection du gouvernement
en Arauca, qui a transformé ce département en un terrain d’essai violent
d’une bonne partie de ses nouvelles politiques sécuritaires, qui constituent
une partie de ce qu’il appelle la stratégie de « sécurité démocratique ».

« La politique du gouvernement colombien a conduit à une augmentation des
atteintes aux droits humains et à un niveau accrû d’impunité. Comme toujours
en Colombie, c’est la population civile qui souffre le plus », a déclaré
Amnesty International.

Les forces armées colombiennes, les groupes paramilitaires et la guérilla
ont augmenté de façon significative leur présence dans le département. Le
département d’Arauca est ainsi devenu l’un des endroits les plus militarisés
et l’une des régions du pays où règne le plus de violence.

Les groupes de la guérilla ciblent des civils, essentiellement des
fonctionnaires locaux. Ces groupes violent les principes du droit
international humanitaire en menant des attaques disproportionnées, souvent
à l’aide de bombes et de mortiers à faible précision, sur des cibles
militaires. Ces attaques font souvent des victimes civiles.

Les forces armées, en collaboration avec des groupes paramilitaires, sont
directement impliquées dans des homicides, des actes de torture et des « 
disparitions ». Elles ont multiplié les efforts pour intimider les
défenseurs des droits humains, les dirigeants paysans et les militants des
droits sociaux, les mettant en danger en les désignant comme des membres ou
des sympathisants de la guérilla.

En réduisant au silence ces groupes - souvent les premiers à dénoncer les
atteintes aux droits humains perpétrées par l’armée, ses alliés
paramilitaires et les groupes de la guérilla - les autorités peuvent
maintenir la fiction selon laquelle la situation des droits humains serait
en voie d’amélioration.

Les paramilitaires, qui ont établi leur emprise en Arauca dans le sillage
des opérations à grande échelle menées par les forces de sécurité
colombiennes dans la zone au cours de ces dernières années, continuent de
tuer et de menacer des civils, en dépit d’un cessez-le-feu autoproclamé d’un
an.

« Arauca est sur la ligne de front, dans la crise des droits humains en
Colombie. Loin de restaurer l’ordre, la stratégie de sécurité du
gouvernement a fait de ce département un endroit où il est devenu encore
plus dangereux de vivre, a déclaré Amnesty International.

« Le soutien des États-Unis aux unités militaires opérant en Arauca illustre
l’aveuglement de la communauté internationale, qui refuse de voir les
atteintes aux droits humains perpétrées en Colombie. La protection des
civils devrait avoir la priorité sur les intérêts économiques et
stratégiques. Ce serait aussi le chemin le plus sûr pour établir la sécurité
dans la région. »

Au nombre des mesures de sécurité du gouvernement colombien figurent les
lois anti-terroristes récemment votées et les « zones de réhabilitation et
de consolidation », des zones spéciales de sécurité établies en 2002, qui ne
sont plus en vigueur mais continuent d’être utilisées par les forces de
sécurité pour cibler les populations civiles. l

Pour lire l’intégralité du rapport sur la Colombie (en anglais, « Colombia :
a laboratory of war : Repression and Violence in Arauca), veuillez consulter
le site : http://web.amnesty.org/library/index/ENGAMR230042004

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