Les autorités sud-coréennes ne doivent pas recourir à une force excessive contre les manifestants pacifiques, a déclaré Amnesty International, alors que quelque 2 000 policiers ont dispersé une manifestation, blessant des personnes âgées.
Le 11 juin, la police a déferlé sur 300 manifestants pacifiques qui manifestaient contre la construction de quatre tours de transmission d’électricité à haute tension dans la ville de Miryang.
Selon les médias, 14 manifestants ont été blessés en raison de l’opération de police. D’après le Comité de Miryang contre les tours de transmission 765KV, quatre personnes ont eu des fractures osseuses.
« Les scènes terribles au cours desquelles des femmes âgées ont été blessées montrent jusqu’où la police est prête à aller pour disperser des manifestations pacifiques », a déclaré Arnold Fang, chercheur sur l’Asie de l’Est à Amnesty International.
« La police a recouru à une force disproportionnée lors de la manifestation de Miryang, en violation des normes internationales. »
Les policiers ont extirpé les manifestants hors de leurs tentes et ont déchiré les tentes à coups de couteaux, sans prendre en compte le grand nombre de personnes qui se trouvaient à l’intérieur, le manque d’espace ni l’âge avancé des manifestants.
Environ 77 manifestants étaient des habitants du secteur, dont certains étaient des personnes âgées qui protestaient dans les tentes depuis plus de deux ans. Amnesty International a déjà demandé au gouvernement de mener une véritable procédure de consultation avec les habitants au sujet de cette construction, mais cela n’a pas encore été fait.
Les restrictions du droit à la liberté de réunion pacifique ne sont autorisées au titre du droit international que si elles sont nécessaires pour protéger un intérêt public légitime ou les droits d’autrui. Tout recours à la force doit être proportionnel à l’objectif de maintien de l’ordre, et la police doit s’efforcer d’éviter au maximum d’en faire usage.
« La réaction face à cette manifestation et à d’autres rassemblements récents semble indiquer que les autorités ne souhaitent pas protéger les droits fondamentaux à la liberté de réunion et d’expression », a déclaré Arnold Fang.
Depuis le 17 mai, plus de 300 personnes ont été interpellées par la police lors de manifestations, y compris lorsque les manifestants exprimaient leur mécontentement face à la réaction du gouvernement lors du naufrage du ferry Sewol en avril.
Au mois de mars, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la Corée du Sud a voté en faveur d’une résolution demandant aux États de protéger le droit à la liberté de réunion pacifique, d’expression et d’association.
« Le gouvernement doit commencer à mettre en pratique à l’intérieur de ses frontières ce qu’il prêche à l’étranger. Il doit respecter les droits de ceux qui participent à des manifestations pacifiques, et non les attaquer », a déclaré Arnold Fang.