Côte d’Ivoire. Amnesty International condamne l’attaque meurtrière d’un bureau de l’opposition

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

2 décembre 2010

Amnesty International condamne le raid armé mené par la gendarmerie, force paramilitaire, contre le siège d’un parti de l’opposition le 1er décembre dans la ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire, qui a fait au moins quatre morts et plusieurs blessés.

Le raid s’est déroulé dans les locaux du Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, candidat à l’élection présidentielle qui s’est déroulée dimanche 28 novembre. Plus de 10 personnes ont été arrêtées au cours de l’attaque dans le quartier de Yopougon à Abidjan. On ignore ce qu’il est advenu de ces personnes.

« Si les autorités ne condamnent pas ces agissements et ne traduisent pas les responsables présumés en justice, cela reviendra à admettre qu’elles cautionnent cette très grave violation des droits humains », a indiqué Salvatore Saguès, responsable des recherches sur l’Afrique de l’Ouest au sein d’Amnesty International.

Un témoin oculaire blessé lors de l’attaque, qui a préféré garder l’anonymat, a raconté à Amnesty International :

« Il était aux environs de 22 h. Nous regardions la télévision, certains d’entre nous buvaient du thé lorsque l’on a frappé à la porte. Nous n’avons pas ouvert en raison du couvre-feu et quelqu’un nous a ordonné : " Ouvrez la porte ou nous allons escalader le mur et tous vous tuer. " Puis nous avons vu des gendarmes en uniforme et des personnes en civil se mettre à escalader le mur et commencer à nous tirer dessus. Certains gendarmes portaient des casquettes rouges, d’autres des cagoules. »

Un autre témoin a rapporté : « Lorsque j’ai vu les gendarmes, je suis allé me cacher dans les toilettes. Ils ont fracturé la porte et m’ont enjoint de lever les mains en l’air et de m’allonger sur le sol. Alors que j’étais allongé, ils m’ont tiré dessus et j’ai été touché à la jambe. Ils m’ont laissé pour mort. »

Selon plusieurs témoignages, au moins deux des victimes ont été abattues par les gendarmes alors qu’elles tentaient de s’enfuir en escaladant la clôture.

Après l’attaque, les gendarmes sont partis, avant de revenir accompagnés de policiers pour emmener les dépouilles des victimes, ainsi que les blessés. Plusieurs blessés ont été transférés dans un camp de la gendarmerie à Abidjan. Personne n’a eu de leurs nouvelles depuis lors.

Un témoin a confirmé la présence d’un fourgon de gendarmerie juste avant et pendant l’attaque.


« Personne ne saurait justifier le fait que les forces de sécurité abattent des personnes allongées au sol, en leur tirant à bout portant dans le dos »
, a estimé Salvatore Saguès.

Les attaques surviennent sur fond de nouvelles flambées de violence au lendemain du second tour de l’élection présidentielle qui s’est tenue dimanche 28 novembre. Les résultats du scrutin n’ont pas encore été annoncés.

Le Front populaire ivoirien (FPI), parti du président sortant, Laurent Gbagbo, a exigé que les résultats soient annulés.

Le 2 décembre, un bureau du FPI a été attaqué à Abidjan et le FPI a accusé les partisans d’Alassane Ouattara d’en être responsables.

Des flambées de violence ont également éclaté dans d’autres régions du pays, à l’approche de l’élection.

Des dizaines de personnes ont été blessées lors des affrontements qui se sont déroulés vendredi 26 novembre à Abidjan entre les groupes d’étudiants qui soutiennent le président Laurent Gbagbo et les partisans de son adversaire électoral, l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara.

Le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire avait été reporté à cinq reprises depuis 2005. Cette élection a fait naître l’espoir de tourner le dos à la crise née de l’insurrection armée de septembre 2002, qui a abouti à la partition du pays.

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