Le gouvernement cubain doit mettre fin à la violence institutionnelle contre les femmes défenseures des droits humains, journalistes et militantes, a déclaré Amnesty International mercredi 26 novembre à l’occasion du lancement de son nouveau rapport sur les pratiques autoritaires et la violence d’État contre les femmes à Cuba.
Amnesty International demande aux autorités cubaines de mettre fin à ces pratiques et à la violence étatique liée au genre contre les femmes qui défendent les droits humains. Le rapport dénonce la mise en place par l’État cubain de pratiques répressives systématiques qui affectent de manière spécifique et différenciées les femmes qui militent, sont journalistes ou défendent les droits humains. Ces pratiques prennent diverses formes - détentions arbitraires, surveillance injustifiée, poursuites injustes, disparitions forcées et autres types de violence institutionnelle -, dans un environnement caractérisé par l’impunité face aux violations des droits humains et par l’absence de garanties judiciaires.
« Les femmes défenseures de Cuba sont punies non seulement lorsqu’elles s’expriment haut et fort, mais aussi parce qu’elles sont mères, journalistes et dirigeantes au sein de la société civile », a déclaré Ana Piquer, directrice générale pour les Amériques à Amnesty International. « L’État utilise la violence fondée sur le genre comme outil de répression : il cherche à briser leur dignité, leur environnement familial et leur force collective », a-t-elle ajouté.
La violence étatique fondée sur le genre
Le rapport analyse des faits survenus entre 2014 et 2025, et révèle qu’outre ces pratiques autoritaires, les femmes subissent des formes spécifiques de répression de la part de représentants de l’État qui constituent des violences étatiques liées au genre, comme le déshabillage forcé et les fouilles corporelles invasives, la stigmatisation fondée sur le genre, l’âge et l’orientation sexuelle, et l’utilisation de la maternité, des soins aux personnes et de menaces contre leurs proches comme mécanismes d’intimidation et de contrôle.
Une défenseure a dit à Amnesty International : « La manière dont j’ai été traitée a été très cruelle du fait de ma condition de femme et de mère. On m’a menacée à travers mes enfants, on m’a crié dessus en public et on a essayé d’utiliser la culpabilisation comme une arme. C’est un acharnement particulier contre les femmes qui s’expriment haut et fort. »
Une autre a décrit l’agression physique que lui a fait subir un représentant de l’État alors qu’elle était en détention, ainsi que les commentaires à caractère sexuel qu’elle était obligée de supporter. « Le dégoût que j’ai ressenti est indescriptible », a-t-elle ajouté.
« Les femmes défenseures de Cuba sont punies non seulement lorsqu’elles s’expriment haut et fort, mais aussi parce qu’elles sont mères, journalistes et dirigeantes au sein de la société civile. »
Le rapport contient des témoignages tels que ceux de : Yenisey Taboada, mère d’une personne emprisonnée pour des motifs politiques ; Luz Escobar, journaliste indépendante ; ou María Matienzo, défenseure des droits humains, qui illustrent comment le harcèlement physique, en ligne et psychologique est utilisé pour réduire les Cubaines au silence.
Ce schéma de violence n’est ni accidentel ni isolé : il est structurel et constant. Les femmes noires, les mères seules ou celles qui ne sont pas hétérosexuelles sont confrontées à des formes aggravées de violence, ce qui requiert une réponse intersectionelle en urgence.
Cela se produit sur fond de restrictions de l’exercice et de la défense des droits humains, dans un environnement où la subordination du système de justice au pouvoir politique, le manque de mécanismes de plainte et de réparation, et l’absence de loi d’ensemble contre la violence liée au genre perpétuent l’impunité.
Un appel international à l’action
Amnesty International souligne que cette répression ne vient pas de nulle part. L’absence de déclarations internationales fermes a permis que l’État cubain maintienne sa politique de répression et de contrôle en toute impunité.
« La communauté internationale ne peut continuer à garder le silence face à la répression différenciée que subissent les femmes à Cuba », a souligné Ana Piquer. « Il est temps que les États, en particulier les organismes interaméricains et l’Union européenne, exigent des mesures de protection concrètes. La répression étatique contre les militantes et défenseures de Cuba constitue une forme de violence institutionnelle liée au genre, qui doit être mise en évidence et condamnée publiquement. »
« La communauté internationale ne peut continuer à garder le silence face à la répression différenciée que subissent les femmes à Cuba. »
Amnesty International demande la fin immédiate de cette violence d’État fondée sur le genre contre les femmes défenseures, journalistes et militantes à Cuba, qui se manifeste par de nombreuses violations des droits humains comme le harcèlement, les détentions arbitraires ou les disparitions forcées, entre autres. L’organisation réclame également l’adoption d’une loi d’ensemble contre la violence liée au genre, qui prévoie des mesures spécifiques de protection pour les défenseures des droits humains, et l’engagement actif des États et organismes internationaux afin de maintenir un suivi constant de la situation des défenseures dans le pays.
Lancement de la pétition mondiale
Face à ces constats, Amnesty International lance mercredi 26 novembre une pétition internationale ouverte, qui invite des personnes du monde entier à demander que le président Miguel Díaz-Canel et les autorités cubaines mettent fin au harcèlement et adoptent en urgence une loi d’ensemble contre la violence fondée sur le genre.
Chaque signature recueillie amplifiera la voix des défenseures, renforçant les pressions internationales et la concrétisation de la solidarité internationale prouvant qu’elles ne sont pas seules.

