La décision de l’ONU de se retirer du Tchad met des milliers de personnes en danger

ÉFAI-24 mai 2010

Le 24 mai, Amnesty International a prévenu que la résolution que s’apprête à adopter le Conseil de sécurité des Nations unies concernant le retrait des effectifs de maintien de la paix mettra en danger des milliers de réfugiés et de membres d’autres groupes vulnérables.

Il y a de fortes chances que cette résolution, qui fait suite à la demande formulée par le gouvernement tchadien plus tôt cette année en faveur du retrait de la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), soit adoptée par le Conseil de sécurité d’ici mercredi 26 mai.

« La décision du Conseil de sécurité de rappeler les soldats de la paix est prématurée et dangereuse. Elle entraînera une hausse de l’insécurité dans la région et compromettra les efforts déployés pour fournir une aide humanitaire d’urgence », a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

«  La MINURCAT a démontré qu’elle est capable de jouer un rôle important sur le terrain du renforcement de la sécurité et de la protection des droits humains dans l’est du Tchad. Il n’est actuellement pas opportun pour le gouvernement tchadien de décider de mettre fin au mandat de la MINURCAT, et le Conseil de sécurité devrait défendre les hommes, les femmes et les enfants vulnérables de la région ».

Une équipe d’Amnesty International se trouve en ce moment sur le terrain, au Tchad, où elle observe la situation des droits fondamentaux des personnes déplacées et des réfugiés. Environ 250 000 réfugiés originaires du Darfour, 165 000 Tchadiens déplacés et des centaines de milliers d’autres Tchadiens vivent dans la région où les soldats de la MINURCAT ont été déployés.

La proposition de résolution fixe un calendrier pour une réduction immédiate du nombre de soldats postés par l’ONU dans la région, étape précédant le retrait complet des troupes d’ici la fin de l’année.

Le gouvernement tchadien soutient qu’il assurera la protection des personnes vulnérables dans la région sans l’aide de l’ONU. Il n’a cependant rien dit de ses projets pour le remplacement immédiat de la MINURCAT.

En attendant, ni les autorités tchadiennes ni les responsables de l’ONU n’ont fait grand-chose pour que les réfugiés, les Tchadiens déplacés ou la population locale puissent participer aux discussions relatives à cette question cruciale.

« Il est absolument inacceptable que cette résolution soit prise avant que le gouvernement tchadien ne fasse la preuve qu’il a un véritable projet de sécurité en place, et il est très inquiétant que ceux dont les droits sont menacés aient ni plus ni moins été exclus du débat. »

«  Aucune des conditions importantes précédemment recommandées par le secrétaire général de l’ONU et appuyées par le Conseil de sécurité n’ont été respectées. Le fait que l’ONU soit poussée hors du pays bien avant que la mission n’atteigne ses objectifs établit un précédent très inquiétant du point de vue de la protection des droits humains, et affaiblit l’autorité et la crédibilité de l’ONU », conclut Erwin van der Borght.

Complément d’information

La résolution de l’ONU fait suite à une demande, émanant du gouvernement tchadien, en faveur du retrait de la MINURCAT, à l’occasion du renouvellement du mandat de celle-ci, le 15 mars 2010. Deux prorogations de courte durée ont été accordées, jusqu’au 15 puis jusqu’au 26 mai, tandis que les négociations entre le gouvernement tchadien, le gouvernement centrafricain et les membres du Conseil de sécurité de l’ONU étaient en cours.

Selon certaines informations, la proposition de résolution du Conseil de sécurité engage le gouvernement tchadien à soumettre à l’ONU, avant la fin juin, un projet expliquant comment il se propose d’apporter un soutien constant au Détachement intégré de sécurité, nouvelle force de police tchadienne créée grâce à des financements de l’ONU, et ayant bénéficié des formations et du soutien logistique fournis par celle-ci. Il ne semble cependant pas y avoir de calendrier pour les autres mesures attendues de la part du gouvernement tchadien.

Les soldats de l’ONU en nombre réduit restant dans le pays durant ce retrait progressif ne disposeraient plus du large mandat leur permettant de protéger les civils. Cette responsabilité échoira entièrement aux autorités tchadiennes, mais rien n’indique qu’elles se montreront à la hauteur.

Amnesty International s’inquiète également de l’effet que la résolution aura sur la mission onusienne de protection des droits humains dans le nord-ouest de la République centrafricaine.

Il sera impossible pour l’ONU de maintenir sa présence dans ce pays sans le soutien logistique et les infrastructures offerts par ses bases situées au Tchad. La résolution prévoit donc un retrait des troupes de l’ONU hors de la République centrafricaine.

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