Un groupe d’organisations de défense des droits humains a écrit aux gouvernements de 50 États le 14 septembre pour réclamer qu’ils demandent publiquement la libération du défenseur des droits humains bereïnite, Nabeel Rajab, qui risque d’être condamné à 15 ans d’emprisonnement pour des commentaires qu’il a faits sur Twitter. À la suite d’un article publié sous son nom dans le New York Times, Bahreïn a retenu un nouveau chef d’accusation contre lui la semaine du 5 au 9 septembre : « diffamation à l’encontre de l’État ».
La lettre de 22 ONG, notamment Human Rights Watch et Amnesty International, demande aux 50 gouvernements de « dénoncer l’utilisation abusive constante que fait Bahreïn du système judiciaire afin de harceler et réduire au silence des défenseurs des droits humains au moyen d’accusations qui bafouent la liberté d’expression ».
Parmi les gouvernements auxquels il est fait appel figurent celui de la France, de la Suisse, du Royaume-Uni et des États-Unis. Si le Département d’État américain a demandé la libération de Nabeel Rajab le 6 septembre, les autres gouvernements ne l’ont quant à eux pas fait. Les 50 États auxquels la lettre est adressée sont tous signataires de déclarations aux Nations unies critiquant les violations des droits humains dont Bahreïn se rend actuellement responsable et exigeant des progrès.
Le haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, le prince Zeid bin Raad Al Hussein, a profité de son discours d’ouverture lors du 33e Conseil des droits de l’homme le 13 septembre pour faire part de ses inquiétudes quant au fait que Bahreïn harcèle et arrête des défenseurs des droits humains. Il a mis Bahreïn en garde : « ces dix dernières années ont démontré très clairement à plusieurs reprises à quel point les résultats peuvent être désastreux lorsqu’un gouvernement tente de réduire sa population au silence au lieu de la servir ».
Nabeel Rajab, président du Centre des droits humains de Bahreïn, est en détention provisoire depuis le 13 juin. Il a été détenu à l’isolement pendant la majeure partie de sa détention, ce qui a entraîné une dégradation de son état de santé. Depuis 2011, Nabeel Rajab a été poursuivi et condamné à des peines d’emprisonnement à de nombreuses reprises en raison de son militantisme actif. Il a fait l’objet d’une interdiction de voyager en 2014 et n’a pas pu quitter le pays.
Dans le cadre de son procès actuel, il est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, notamment « insulte à un organe officiel », « insulte à un pays voisin » et « diffusion de fausses rumeurs en temps de guerre ». Ces accusations sont liées à des commentaires qu’il a publiés et relayés sur Twitter en 2015 à propos de la torture dans la prison de Jaww à Bahreïn et du rôle de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite dans la crise humanitaire au Yémen.
La prochaine audience de Nabeel Rajab a été fixée au 6 octobre, date à laquelle son jugement devrait être prononcé.
Complément d’information
Des ONG et d’autres organismes ont appelé à l’action en faveur de Nabeel Rajab depuis qu’il a étéplacé en détention provisoire en juin. Le Centre pour les droits et la démocratie de Bahreïn a écrit au ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, le 7 septembre pour demander une action publique en faveur de Nabeel Rajab. Le 2 septembre, 34 ONG ont écrit une lettre au roi de Bahreïn pour demander la libération de Nabeel Rajab.
En août, dans le cadre d’une initiative organisée par Index on Censorship, des auteurs de premier plan ont écrit une lettre à la Première ministre britannique, Theresa May, pour demander au gouvernement du Royaume-Uni d’appeler Bahreïn, son allié, à libérer Nabeel Rajab. Parmi ces auteurs figurent le dramaturge David Hare, l’auteure Monica Ali, la comédienne Shazia Mirza, le parlementaire Keir Starmer et le lauréat du prix Nobel Wole Soyinka.