Amnesty International est déçue que la Haute Cour australienne ait estimé que la détention extraterritoriale était légale. Cette décision aura pour conséquence le renvoi forcé sur l’île de Nauru de 260 personnes vulnérables, parmi lesquelles figurent plus de 80 mineurs.
Amnesty International considère que ces personnes en quête d’asile seraient exposées à un risque réel de violations graves des droits humains si elles étaient renvoyées à Nauru. Malgré les conclusions de la Haute Cour, qui s’appuient uniquement sur le droit australien, il est clair que leur renvoi bafouerait les obligations qui sont celles de l’Australie en vertu du droit international.
La décision de la Haute Cour, qui détermine que la politique australienne de détention extraterritoriale à Nauru n’est pas illégale, a par ailleurs des conséquences plus larges pour les 537 autres personnes, dont 68 mineurs, se trouvant déjà au centre régional de traitement de Nauru, et qui sont désormais vouées à y rester pour une durée indéterminée.
Tous les demandeurs d’asile retenus à Nauru sont affectés par des conditions de vie éprouvantes : leur bien-être mental et physique subit une usure quotidienne, qui pousse certains à s’automutiler et à tenter de se suicider.
Amnesty International continue en outre à recevoir des informations extrêmement préoccupantes selon lesquelles des femmes et des enfants demandeurs d’asile sont victimes de harcèlement et d’abus sexuels à Nauru.
« En dépit de la décision rendue par la Haute Cour sur ce cas, Amnesty International demande au Premier ministre australien Malcolm Turnbull de faire ce qu’il convient, à savoir fermer de manière définitive le centre de Nauru et relocaliser les demandeurs d’asile au sein de notre société », a déclaré Graham Thom, coordinateur Réfugiés d’Amnesty International Australie.
« Le centre de traitement de Nauru met en danger des personnes vulnérables, et le manque de transparence caractérisant son fonctionnement est inacceptable. »
À l’instar de nombreuses autres organisations et personnes, Amnesty International a déposé plusieurs demandes officielles afin de pouvoir se rendre à Nauru dans le but d’examiner les conditions de manière indépendante et d’évaluer la situation globale des droits humains, en vain.
« Il faut combattre cette tendance au secret, et mettre en place le mécanisme indépendant de suivi dont l’adoption a été convenue en vertu du Protocole facultatif à la Convention contre la torture. »
En novembre 2015, les autorités de Nauru se sont publiquement engagées devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à ouvrir plus largement ses portes aux médias et organisations internationales, mais ces promesses n’ont pas encore été tenues.
Amnesty International continue à demander à Nauru de remédier à cette absence de transparence et d’autoriser journalistes étrangers et organisations internationales de défense des droits humains à se rendre sur place.