Mohamed Ramadan a partagé cette photo après que les autorités égyptiennes ont restreint la vente de ces gilets jaunes, semblables à ceux que portent les manifestants en France, dans le but d’éviter des manifestations du même acabit en Égypte.
« Placer Mohamed Ramadan en détention au motif qu’il a publié sur Facebook une photo qui tourne en dérision les restrictions imposées par le gouvernement à la vente de gilets jaunes est totalement absurde. Cette affaire met en lumière les mesures extrêmes que les autorités égyptiennes sont prêtes à prendre pour écraser les remises en cause de leur autorité les plus minimes, a déclaré Najia Bounaim, directrice des Campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Mohamed Ramadan est emprisonné parce qu’il a exprimé ses opinions et en raison de son travail d’avocat spécialisé dans la défense des droits humains. Les autorités égyptiennes doivent le libérer immédiatement et sans condition et abandonner toutes les charges pesant sur lui. »
Selon les avocats de Mohamed Ramadan, il aurait subi des mauvais traitements en détention : il aurait eu les yeux bandés, aurait été enchaîné au sol et frappé par un gardien de la prison.
Trois agents en civil de l’Agence nationale de sécurité ont arrêté Mohamed Ramadan a Alexandrie le 10 décembre 2018, alors qu’il descendait d’un bus et rentrait chez lui. Sa famille et ses avocats n’ont pas su où il se trouvait ni ce qui lui était arrivé jusqu’à ce qu’il comparaisse devant le parquet de Montazah le lendemain.
Le parquet a ordonné son placement en détention provisoire pendant 15 jours, tandis qu’il faisait l’objet d’une enquête pour plusieurs chefs d’inculpation vagues, notamment « appartenance à un groupe interdit », « diffusion de fausses informations via les réseaux sociaux » et « incitation à des troubles sociaux ». Depuis son arrestation, sa détention a été renouvelée tous les 15 jours et le ministère de l’Intérieur l’a transféré à la prison de Borg el Arab le 8 janvier.
Selon deux de ses avocats présents lors de son interrogatoire le 25 décembre, parmi les éléments de preuve retenus contre lui figure la possession de cinq gilets jaunes qui, selon les autorités, allaient être utilisés dans le cadre de manifestations anti-gouvernementales.
L’un de ses avocats a déclaré à Amnesty International qu’un membre de l’Agence nationale de sécurité l’avait physiquement agressé tout de suite après son arrestation et l’avait averti de « mettre un terme à [ses] activités politiques ».
Pendant sa détention au centre de l’Agence nationale de sécurité à Alexandrie, il a été maintenu les yeux bandés et enchaîné au sol. Deux de ses avocats qui ont assisté à son interrogatoire le 22 janvier ont confirmé que Mohamed Ramadan avait assuré que le 17 janvier, il avait été frappé à l’estomac par un gardien, alors qu’il était intervenu pour défendre un autre prisonnier agressé physiquement.
Mohamed Ramadan est un avocat spécialisé dans la défense des droits humains qui fournit une assistance juridique à des défenseurs des droits humains, des manifestants pacifiques, des ouvriers et des habitants de quartiers informels à Alexandrie.
Le tribunal pénal d’Alexandrie l’avait déjà condamné par contumace en avril 2017 à 10 ans d’emprisonnement, assortis de cinq années d’assignation à résidence et d’une interdiction d’utiliser Internet pendant cinq ans, en raison d’une publication sur Facebook.
Il a été reconnu coupable d’une série d’infractions formulées en termes vagues relatives à la sécurité nationale, notamment d’outrage au président, d’usage abusif des plateformes de réseaux sociaux et d’incitation à la violence, en vertu de la loi draconienne relative à la lutte contre le terrorisme.
Amnesty International estime que la condamnation de Mohamed Ramadan illustre la répression exercée par les autorités égyptiennes contre les détracteurs pacifiques. Son nouveau procès a été suspendu dans l’attente de la décision de la Cour suprême constitutionnelle concernant la légalité de la Loi antiterroriste au titre de laquelle il a été condamné.