Égypte : la détention d’un blogueur bien connu est prolongée

Les autorités militaires égyptiennes doivent libérer un blogueur bien connu, fervent détracteur du régime militaire, ou le faire comparaître immédiatement devant un tribunal civil, a déclaré Amnesty International lundi 14 novembre après avoir appris son maintien en détention.

La détention du militant Alaa Abdel Fattah a été prolongée de 15 jours dimanche 13 novembre, ce qui fait craindre qu’il ne soit jugé devant un tribunal militaire dans le cadre d’un procès contraire aux règles d’équité les plus élémentaires. Il est inculpé d’incitation à la violence contre l’armée, d’agression contre les forces armées et de vol d’armes à feu.

« L’armée doit encore présenter des éléments de preuve afin d’étayer les charges retenues contre Alaa Abdel Fattah. Elle le prive du droit d’être entendu devant un tribunal civil dans le cadre d’un procès équitable, a indiqué Amnesty International.

« Le Conseil suprême des forces armées fait preuve d’une intolérance croissante face à toute critique de ses actions et se sert abusivement des tribunaux militaires pour régler ses comptes.  »

Selon des organisations non gouvernementales (ONG) locales, Alaa Abdel Fattah s’est vu proposer de renoncer à critiquer le conseil des forces armées en échange de sa liberté – une offre qu’il aurait refusée. Alaa Abdel Fattah a été convoqué aux fins d’interrogatoire par le parquet militaire après qu’il eut ouvertement critiqué le régime militaire.

Il a notamment dénoncé le fait que l’armée soit chargée d’enquêter sur l’homicide d’au moins 27 personnes, mortes le 9 octobre lorsque des soldats et des policiers antiémeutes ont dispersé avec violence les manifestants rassemblés autour du Maspero, le bâtiment de la télévision d’État.

Les manifestants protestaient contre la discrimination dont sont victimes les membres de la minorité chrétienne copte en Égypte.

« Il est inacceptable que l’armée enquête sur le bain de sang dont elle serait elle-même responsable. Il faut qu’une enquête indépendante soit diligentée sur ces homicides », a déclaré Amnesty International.

Selon Alaa Abdel Fattah, l’armée n’est pas légitime pour le détenir ni l’interroger. Un tribunal militaire a précédemment rejeté le recours contestant sa détention le 3 novembre.

Trente autres personnes également arrêtées dans le cadre des investigations de l’armée sur les violences de Maspero seraient toujours en détention, dans l’attente d’un complément d’enquête.

« Les tribunaux militaires ne devraient jamais servir à juger des civils. Ils privent les accusés du droit de faire appel sans réexaminer les faits ni les preuves d’une affaire, et ne sont ni indépendants ni impartiaux », a estimé Amnesty International.

Amnesty International engage les autorités militaires à libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement pour avoir critiqué l’armée ou exercé sans violence leurs droits à la liberté d’expression et de réunion.

La mère d’Alaa Abdel Fattah, Laila Soueif, a entamé une grève de la faim le 6 novembre pour protester contre le maintien en détention de son fils. Cette affaire a également suscité des condamnations internationales.

Le 11 novembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a demandé la libération d’Alaa Abdel Fattah, qualifiant son incarcération prolongée aux mains des militaires de « violation flagrante du droit à la liberté d’expression ».

Le Conseil suprême des forces armées n’a toujours pas obligé les forces de sécurité à rendre des comptes pour leur recours excessif à la force contre les manifestants de Maspero.

Au lieu de cela, les forces de sécurité continuent d’assurer que les manifestants ont été à l’origine des violences et de sévir contre les personnes qui critiquent leur conduite lors des manifestations.

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