« L’acquittement des 43 employé·e·s d’ONG dans cette première affaire des "financements étrangers" est un pas dans la bonne direction pour la justice égyptienne. Cette procédure qui ne reposait sur rien, prenant pour cible des défenseur·e·s des droits humains n’ayant rien fait d’autre que leur travail légitime, n’aurait jamais dû être ouverte, a déclaré Najia Bounaim, directrice des campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« La décision qui vient d’être rendue ne concerne cependant que la première phase de l’affaire, qui portait uniquement sur l’examen du financement des organisations internationales ; l’enquête sur les ONG locales égyptiennes se poursuit, et des dizaines de membres de leur personnel continuent à être en danger.
« Depuis le début de l’affaire des "financements étrangers", les défenseur·e·s égyptiens des droits humains sont traités comme des ennemis de l’État, visés par une répression sans précédent, notamment des gels d’avoirs, des interdictions de voyager et des poursuites judiciaires.
« Nous allons désormais voir si la décision rendue par le tribunal annonce la fin des persécutions contre les défenseur·e·s des droits humains dans le pays. Les autorités égyptiennes doivent lever l’ensemble des interdictions de voyager et gels d’avoirs visant le personnel des ONG, et abandonner leurs enquêtes sur les ONG et défenseur·e·s des droits humains en Égypte pour leur travail légitime en faveur de ces droits. »
La réunion du Conseil d’association entre l’Union européenne et l’Égypte s’est déroulée à Bruxelles jeudi 20 décembre. Les États de l’UE doivent saisir cette occasion afin de demander que cette enquête sur les ONG égyptiennes soit abandonnée.
Complément d’information
En juin 2013, la première phase de l’enquête sur le financement des organisations non gouvernementales (ONG) (Cas 173 de 2011) s’est achevée lorsque 42 employés d’ONG étrangères et égyptiennes ont été condamnés à des peines allant d’un à cinq ans de prison, et plusieurs ONG internationales ont été fermées.
Depuis 2014, des juges d’instruction supervisent l’enquête sur le travail et le financement d’ONG locales, et ont décrété le gel des avoirs de six organisations et de 10 défenseurs des droits humains. Au moins 30 défenseurs des droits humains et membres du personnel d’ONG ont été empêchés de voyager à l’étranger. Les juges ont par ailleurs convoqué au moins six responsables et 61 membres du personnel d’organisations de la société civile dans le but de les soumettre à des interrogatoires, et ont plus tard prononcé leur libération sous caution.