Communiqué de presse

Émirats arabes unis : un blogueur bidun forcé à quitter le pays, décision inquiétante après une vague d’arrestations arbitraires

La décision de forcer un homme apatride né aux Émirats arabes unis à choisir entre la détention illimitée sur place ou l’exil en Thaïlande annonce un nouveau déclin des droits humains aux Émirats arabes unis, a souligné Amnesty International lundi 16 juillet, après une nouvelle vague d’arrestations en vertu de dispositions relatives à la sécurité de l’État.

Ahmed Abdul Khaleq, 35 ans, blogueur et militant qui fait partie de la minorité bidun (Arabes apatrides) des Émirats arabes unis, a été placé en détention à deux reprises depuis l’an dernier, accusé d’entretenir des liens avec l’Association pour la réforme et l’orientation sociale (al Islah), une organisation politique non violente qui prend part de manière pacifique au débat politique dans le pays depuis de nombreuses années. Amnesty International l’a précédemment désigné comme un prisonnier d’opinion.

Dimanche 15 juillet, la veille de son départ forcé, le procureur général d’Abou Dhabi a annoncé l’ouverture d’une enquête concernant un groupe de personnes qui planifiait, selon lui, des « atteintes à la sécurité de l’État ».

Depuis cette annonce, au moins sept membres d’al Islah ont été arrêtés aux Émirats arabes unis. Amnesty International pense qu’il s’agit probablement de prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé de manière pacifique leur droit à la liberté d’expression et d’association.

« Ahmed Abdul Khaleq n’aurait jamais dû être forcé à quitter le pays et cet événement suscite l’inquiétude quant au sort des autres personnes détenues aux Émirats arabes unis dans le cadre d’affaires de complots présumés contre la sécurité de l’État, a déclaré Ann Harrison, directrice adjointe du programme Moyen Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les autorités émiriennes ne doivent en aucun cas chasser du pays des militants politiques non violents et doivent autoriser Ahmed Abdul Khaleq à revenir sans condition chez lui. »

Les « Cinq des Émirats »

Ahmed Abdul Khaleq a été arrêté une première fois en avril 2011 avec quatre autres militants. Surnommés les « Cinq des Émirats », tous ont été jugés et emprisonnés par la suite pour avoir « insulté publiquement » le président des Émirats arabes unis et d’autres représentants de l’État sur un forum en ligne bloqué par les autorités en 2010.

Amnesty International et d’autres organisations ont indiqué à plusieurs reprises que les accusations portées contre ces militants étaient injustifiées, tout en soulignant les graves irrégularités de leur procès, qui n’a pas respecté les normes internationales minimum d’équité. Au cours du procès, les autorités ont mené une campagne de diffamation envers les « Cinq des Émirats ».

En novembre 2011, Abdul Khaleq a été libéré. Il a obtenu un passeport comorien le 21 mai 2012, mais il a été de nouveau arrêté le lendemain et a été maintenu en détention jusqu’à ce qu’il soit forcé à quitter le pays lundi 16 juillet.

Le mois dernier, les autorités des Émirats arabes unis lui auraient donné le choix de rester en détention à Abou Dhabi ou d’être libéré à condition de s’exiler dans l’un des pays figurant sur une liste.

Il a choisi la Thaïlande bien qu’il n’ait aucun lien personnel avec ce pays, et les autorités lui ont obtenu un visa et réservé un vol quittant Abou Dhabi lundi à l’aube pour Bangkok. Selon certaines sources, un représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies devait l’accueillir à son arrivée.

Répression contre al Islah

Amnesty International a les noms de sept personnes placées en détention par les autorités émiriennes au cours des deux derniers jours. Plusieurs autres ont été arrêtées dans différentes parties des Émirats arabes unis ces derniers mois en raison de leurs liens présumés avec al Islah.

Le procureur général d’Abou Dhabi a affirmé qu’elles faisaient toutes l’objet d’une enquête pour avoir planifié des « atteintes à la sécurité de l’État », « s’être opposés à la Constitution des Émirats arabes unis et au régime en place », et avoir entretenu des liens avec « des organisations et des projets étrangers ».

« Toute personne détenue soupçonnée d’atteintes à la sécurité publique des Émirats arabes unis doit être inculpée rapidement d’une infraction reconnue par le droit international et jugée équitablement, ou bien libérée, a rappelé Ann Harrison.

« Sur la base de notre connaissance des procédures judiciaires aux Émirats arabes unis – notamment du procès, l’an dernier, des “Cinq des Émirats”, auquel a assisté un observateur indépendant appartenant à une ONG – nous craignons fortement que, si ces détenus sont traduits en justice, ils ne soient pas jugés dans le respect des normes internationales d’équité des procès. »

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