« Le Parlement européen a adressé un message fort qui devrait inciter la communauté internationale à intensifier les pressions sur les autorités émiriennes pour qu’elles libèrent immédiatement et sans condition Ahmed Mansoor et tous les prisonniers d’opinion. Ahmed Mansoor a été durement persécuté pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, et son incarcération illégale témoigne de la situation déplorable des droits humains aux Émirats arabes unis, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Nous sommes très inquiets face au refus des autorités émiriennes de rendre les détails de cette affaire publics. Ce n’est qu’aujourd’hui que nous apprenons qu’Ahmed Mansoor a fait appel de sa condamnation illégale pour ses publications sur les réseaux sociaux, et qu’il serait détenu à la prison d’al Sadr à Abou Dhabi. Les autorités doivent garantir la transparence au sujet de son appel et du lieu où il est détenu.
« Dans l’attente de la libération d’Ahmed Mansoor, elles doivent prendre les mesures nécessaires pour qu’il ne soit ni torturé, ni soumis à d’autres formes de mauvais traitements, et à lui permettre d’être régulièrement en contact avec ses proches et l’avocat de son choix, ainsi que de bénéficier de tous les soins médicaux dont il pourrait avoir besoin. »
Complément d’information
Ahmed Mansoor est détenu depuis le 20 mars 2017 et, la plupart du temps, enfermé à l’isolement. Son lieu de détention n’a pas été confirmé officiellement. Sa famille a pu lui rendre visite à au moins deux reprises dans les locaux du ministère public, à Abou Dhabi.
Le 29 mai 2018, Ahmed Mansoor a été condamné à 10 ans de prison pour « publication de fausses informations, de rumeurs et de mensonges sur les Émirats arabes unis », susceptibles de « porter atteinte à l’harmonie sociale et à l’unité nationale ».
Si l’on sait qu’il a fait appel de sa condamnation, aucune information n’est disponible quant à la date de l’audience devant la Cour suprême fédérale.
Les autorités des Émirats arabes unis avaient précédemment déclaré qu’il était détenu à la prison centrale d’Abou Dhabi (prison d’al Wathba), mais il serait désormais incarcéré à la prison d’al Sadr à Abou Dhabi, à 68 kilomètres d’al Wathba, selon la résolution de l’UE.
Ce n’est pas la première fois qu’Ahmed Mansoor est condamné pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Il a été arrêté en avril 2011, et en novembre, la Chambre de sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale l’avait condamné à trois ans de prison pour avoir « insulté les dirigeants émiriens dans des discours et des conférences publiques », « fourni de fausses informations et nouvelles sur les Émirats arabes unis susceptibles de nuire à la politique de l’État » et « contacté des organisations internationales de défense des droits et des organisations politiques travaillant à l’étranger ». Il a par la suite été gracié et remis en liberté.