Communiqué de presse

États-Unis. L’accusation de « collusion avec l’ennemi » retenue contre Bradley Manning doit être abandonnée

Le gouvernement américain doit abandonner immédiatement la charge la plus lourde qui pèse sur le soldat Bradley Manning, a déclaré Amnesty International vendredi 12 juillet 2013 à l’issue de l’audition par le tribunal de tous les témoins dans cette affaire.

« Nous avons maintenant pris connaissance des éléments de preuve présentés par les deux parties, et il apparaît de façon évidente que le chef d’inculpation de « collusion avec l’ennemi » est sans fondement. Le gouvernement doit donc abandonner cette charge », a indiqué Widney Brown, directrice générale chargée du droit international et de la stratégie politique à Amnesty International.

Dans une requête déposée à la fin de la semaine, les avocats de Bradley Manning ont demandé au juge de classer sans suite un certain nombre d’accusations, dont celle-là.

« Le ministère public doit aussi examiner longuement et soigneusement l’ensemble du dossier et abandonner les autres chefs d’inculpation qui ne se justifient pas au vu des éléments de preuve présentés », a ajouté Widney Brown.

La semaine précédente, le parquet avait abandonné l’accusation selon laquelle Bradley Manning avait transmis des renseignements à un « ennemi classé secret défense ».

Pour prouver la « collusion avec l’ennemi », le gouvernement américain doit établir que Bradley Manning a transmis des renseignements potentiellement dangereux à un ennemi, et qu’il l’a fait en connaissance de cause, avec « une intention générale malfaisante » selon les termes de la présidente du tribunal, la colonelle Denise Lind.

Le ministère public s’est évertué tout au long du procès à essayer de trouver des arguments convaincants pour justifier ce chef d’accusation. Toutefois, les témoins qu’il avait lui-même cité à comparaître n’ont cessé de répéter qu’ils n’avaient trouvé aucune preuve d’une quelconque sympathie de Bradley Manning pour Al Qaïda ou d’autres groupes terroristes, que le jeune homme n’avait jamais été infidèle à son pays, que rien ne prouvait qu’il ait eu des liens avec un gouvernement autre que le sien, et qu’ils n’avaient aucune raison de croire qu’il avait reçu de l’argent pour ses révélations.

Au contraire, les témoins de l’accusation ont indiqué que Bradley Manning était impliqué dans la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre et que, sur le plan politique, il se situait « à la gauche du camp démocrate ».

« Les arguments du gouvernement pour justifier la "collusion avec l’ennemi" sont ridicules, et cela n’a rien de surprenant, a indiqué Widney Brown. Ce qui est plus étonnant, c’est que, dans cette affaire, les magistrats du parquet, qui ont le devoir d’agir dans l’intérêt de la justice, ont défendu une théorie selon laquelle publier des informations sur Internet – que ce soit par le biais de Wikileaks, sur un blog personnel ou sur le site du New York Times – pouvait s’apparenter à de la "collusion avec l’ennemi".  »

En réalité, on a parfois eu l’impression que ces magistrats jugeaient Wikileaks plutôt que Bradley Manning. Or, le jeune soldat n’est pas poursuivi pour collusion avec Wikileaks ni avec aucun autre acteur, aussi l’on peut s’interroger sur la pertinence de cet aspect de l’argumentation avancée par l’accusation.

Le gouvernement a aussi eu du mal à prouver des charges moins lourdes. Par exemple, Bradley Manning est inculpé, entre autres, d’utilisation de logiciels non autorisés et d’autres violations présumées de procédures de fonctionnement du même type. Or, l’un des témoins cités par l’accusation, un agent des services de renseignement, a déclaré devant le tribunal qu’au moins un des programmes que le jeune homme était accusé d’avoir ajouté illégalement sur son ordinateur était en réalité utilisé par tous ses collègues. Les autres logiciels utilisés par Bradley Manning n’étaient pas expressément interdits par la hiérarchie, ont indiqué des témoins.

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