Éthiopie. Pas de victoire pour la liberté d’expression

L’acquittement de trois blogueurs, prononcé par un tribunal éthiopien après qu’ils ont passé 539 jours en détention, ne doit pas être présenté comme une victoire pour la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International vendredi 16 octobre.

Natnael Feleke, Atnaf Berhane et Abel Wabela, qui ont été jugés pour actes de terrorisme, ont été acquittés par le tribunal fédéral le 16 octobre à Addis-Abeba, mais n’ont toujours pas été remis en liberté. Le quatrième, Befeqadu Hailu, a également été acquitté du chef de terrorisme, mais les audiences de son procès pour incitation se poursuivront. Une cinquième blogueuse, Soliyana Gebremichael, en exil aux États-Unis, a elle aussi été acquittée.

« La libération imminente de trois blogueurs ne doit pas être présentée comme une victoire pour la liberté d’expression en Éthiopie. Pour commencer, il est honteux que les autorités éthiopiennes les aient arrêtés, soumis à un simulacre de procès et incarcérés pendant près d’un an et demi », a déclaré Muthoni Wanyeki, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs à Amnesty International.

« Il s’agit là d’un gouvernement autoritaire qui continue à réprimer la liberté d’expression et à écraser la dissidence. S’il entend sérieusement réparer les erreurs du passé, il doit immédiatement libérer les dizaines d’autres journalistes, dirigeants de l’opposition politique et manifestants ayant fait l’objet d’une arrestation arbitraire ou d’un emprisonnement injuste pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. »

Ces blogueurs sont tous membres du collectif Zone 9, qui a critiqué le gouvernement à maintes reprises. Le 16 octobre a marqué la 39e fois que ces quatre prisonniers d’opinion sont apparus devant le tribunal depuis leur arrestation dans le cadre d’une opération gouvernementale de répression en avril 2014.

Le gouvernement éthiopien a introduit la Proclamation de lutte contre le terrorisme en 2009. Il utilise souvent cette loi, ainsi que de longs retards dans le cadre des procès, pour intimider et faire taire les opposants.

Complément d’information

Amnesty International se mobilise en faveur de la libération d’Eskinder Nega, un journaliste condamné à 12 ans de prison en avril 2012 pour terrorisme après avoir critiqué le gouvernement. L’organisation le considère comme un prisonnier d’opinion.

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