Expulsion d’une journaliste d’Al Jazira : la Chine doit mettre fin à la répression visant les médias

Al-Jazeera English, le service en langue anglaise d’Al Jazira, a été forcé à fermer son bureau de Pékin après que la journaliste Melissa Chan a été expulsée de Chine, ce qui a poussé Amnesty International à appeler les autorités chinoises à renouveler immédiatement son visa et sa carte de presse.

La chaîne de télévision a fait part de sa déception face à cette situation et indiqué qu’elle continuerait de demander une présence en Chine.

Melissa Chan semble être la première journaliste étrangère accréditée à voir sa carte de presse et son visa révoqués depuis 1998, année où Yukihisa Nakatsu, du Yomiuiri Shimbun, et Juergen Kremb, du Spiegel, ont été expulsés. Le ministère chinois des Affaires étrangères n’a fourni aucune explication à sa décision de ne pas renouveler ses documents.

L’expulsion de Melissa Chan s’inscrit dans une politique plus vaste de tentative d’intimidation des journalistes étrangers qui les empêche de couvrir des sujets considérés comme “sensibles” par les autorités, a déclaré Corinna-Barbara Francis, chercheuse d’Amnesty International spécialiste de la Chine.

« Les journalistes internationaux travaillant depuis la Chine doivent s’autocensurer depuis des années pour rester dans le pays. Mais forcer Al Jazira à fermer son bureau de Pékin constitue une escalade dangereuse qui ne présage rien de bon pour l’avenir du travail de la presse depuis la Chine. »

Au cours de l’épisode récent de l’évasion de Chen Guangcheng et de son séjour de six jours à l’ambassade américaine à Pékin, plusieurs journalistes étrangers ont été menacés de révocation de visa pour avoir, selon les autorités, pénétré dans le parking de l’hôpital où ce militant était soigné.

Chen Guangcheng a publié plusieurs articles controversés depuis la Chine, dont certains sur le placement en détention de requérants originaires de zones rurales dans des « prisons noires » clandestines et sur la saisie illégale de terrains agricoles.

Ces requérants sont des personnes qui tentent d’utiliser les droits traditionnels pour signaler des cas personnels d’injustice directement aux autorités, sans passer par les voies judiciaires classiques.

Certains portent leur cas devant les autorités centrales à Pékin, où ils sont généralement renvoyés de force dans leur province d’origine et parfois incarcérés dans les « prisons noires » – des lieux de détention non officiels où les personnes sont envoyées sans aucune procédure judiciaire. En général, ils sont détenus sans que leurs familles en soient informées et sont fortement exposés au risque de mauvais traitements.

« Si les autorités chinoises sont attachées à la liberté d’expression, elles doivent cesser d’essayer de museler les journalistes par ces mesures punitives, renouveler immédiatement le visa de Melissa Chan et permettre sans délai à Al-Jazeera English de continuer de travailler dans le pays », a ajouté Corinna-Barbara Francis.

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