Communiqué de presse

Il faut placer les droits humains au cœur du nouveau programme mondial en matière de développement

Les dirigeants mondiaux doivent rejeter le modèle de développement se fondant sur l’aide humanitaire et poursuivre plutôt une démarche plaçant les droits humains et la justice au cœur du processus, ont déclaré 18 organisations non gouvernementales à l’heure où un groupe d’experts de haut niveau doit remettre aux Nations unies un rapport sur le futur du développement durable.

Amnesty International, le Centre pour les droits économiques et sociaux, l’Association pour les droits de la femme et le développement, et 15 autres organisations du monde entier lancent cet appel alors qu’un groupe d’experts de haut niveau apporte la dernière touche à la version finale d’un rapport qu’il soumettra au secrétaire général des Nations unies à la fin mai ; ce document jettera les bases d’un plan d’action en prévision de l’expiration des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), en 2015.

Tout nouveau modèle doit garantir que les citoyens aient leur mot à dire et puissent demander des comptes à leur gouvernement et à d’autres entités lorsque les droits humains sont négligés ou bafoués, ont indiqué ces organisations.

« Le programme de travail au-delà de 2015 doit reconnaître que les personnes qui se trouvent aux prises avec la pauvreté et les privations sont des détenteurs de droits, pas les cibles de projets de développement. Et il doit s’attacher à éradiquer les obstacles structurels qui maintiennent les gens dans la pauvreté, au niveau national et mondial », a souligné Ignacio Saiz, directeur exécutif du Centre pour les droits économiques et sociaux.

En fonction des conclusions du groupe d’experts de haut niveau, le secrétaire général des Nations unies émettra des recommandations lors d’un événement spécial sur les OMD qui se tiendra en septembre 2013 devant l’Assemblée générale et qui fixera les orientations de base du programme pour l’après-2015.

Les projets de développement au-delà de 2015 doivent au moins être conformes aux normes juridiques et engagements politiques préexistants en matière de droits humains, ont ajouté les organisations.

Elles ont par ailleurs exhorté les gouvernements à veiller à ce qu’un niveau minimum de protection sociale soit assuré.

S’il est prévu que le programme de développement soit principalement mis en œuvre par les États, de vrais mécanismes d’obligation de rendre des comptes, dont le fonctionnement serait contrôlé par des citoyens, seront requis afin d’assurer que d’autres acteurs – notamment les institutions internationales et le secteur privé – adhèrent aux normes relatives aux droits humains. La moindre des choses serait de garantir que le secteur privé ne cause de torts à personne lors de la mise en œuvre des projets de développement.

Une meilleure coopération entre les institutions au niveau national et international doit former la base d’un partenariat mondial visant à lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, des inégalités et de la destruction de l’environnement.

Les soulèvements populaires observés récemment à travers le monde ont montré qu’il est essentiel que les gouvernements reconnaissent que les deux catégories majeures de droits humains - les droits civils et politiques d’une part, et les droits économiques, sociaux et culturels d’autre part - sont indivisibles et interdépendantes, ont poursuivi les organisations.

« Le programme de développement pour l’après-2015 doit s’appuyer sur la compréhension des liens existant entre les privations socioéconomiques et le non-respect de la démocratie », a expliqué Savio Carvalho, directeur de la campagne Exigeons la dignité d’Amnesty International.

« Les droits civils et politiques sont indissociables des droits économiques et sociaux. Le nouveau programme d’action doit donc être élaboré de sorte à promouvoir l’octroi de moyens d’agir sur ces deux terrains. »

De l’accès aux systèmes de santé aux droits fonciers et de la propriété, en passant par les violences liées au genre, les femmes et les jeunes filles sont confrontées à des difficultés spécifiques devant être abordées dans le programme de développement au-delà de 2015.

« Le programme de développement pour l’après-2015 doit véritablement permettre de concrétiser l’éventail complet des droits des femmes, en se penchant sur les problèmes structurels en matière économique et sur les droits de la propriété, en garantissant la pleine participation des femmes au processus de prise de décisions à tous les niveaux et en reconnaissant la valeur de l’économie des prestation de soins non rémunérés », a précisé Lydia Alpízar, directrice exécutive de l’Association pour les droits de la femme et le développement.

Les OMD n’ont pas été assez offensifs sur le terrain de la lutte contre les autres formes d’inégalités. Cette fois-ci, les nouveaux buts et objectifs devront s’inspirer des normes existantes relatives aux droits humains visant à éradiquer la discrimination. Les groupes défavorisés ou connaissant l’exclusion – pour des motifs tels que l’appartenance ethnique, le genre, le handicap, le statut de migrant ou d’autochtone, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre – doivent être habilités à devenir les agents de leur propre développement.

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