« Nous sommes très préoccupés par le fait que deux semaines après l’engagement pris par le président Félix Tshisekedi de protéger Denis Mukwege, son gouvernement et les autorités onusiennes n’ont toujours pas acté de mesures concrètes en ce sens. En outre, malgré la promesse du président Félix Tshisekedi, aucune enquête n’a pour le moment été ouverte sur les menaces reçues, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et région des Grands Lacs d’Amnesty International.
« L’hôpital où travaille Denis Mukwege doit aussi être protégé. Des centaines de médecins, d’infirmiers·ères et d’auxiliaires s’inquiètent pour leur sécurité et l’hôpital contient des milliers de dossiers médicaux concernant des victimes de viol, que Denis Mukwege défend depuis très longtemps. Les femmes qui sont soignées à l’hôpital pour des violences sexuelles ont également besoin d’être protégées.
« Le président Félix Tshisekedi et son gouvernement doivent prendre des mesures concrètes et immédiates en accord avec le docteur Denis Mukwege, afin d’assurer sa protection, ainsi que celle de sa famille et de ses collègues.
« Conformément à son mandat de protection des civil·e·s en RDC, l’ONU doit aussi agir sans délai et apporter son appui aux autorités nationales afin de garantir la protection de Denis Mukwege, de sa famille, ainsi que de l’hôpital de Panzi, de son personnel et de ses patient·e·s. »
Complément d’information
En juillet 2020, Denis Mukwege s’est insurgé contre la nouvelle vague d’homicides perpétrés dans l’Est de la RDC, région gangrénée depuis des décennies par des crimes relevant du droit international et de graves violations des droits humains. Il appelle sans relâche à la création d’un tribunal pénal international ou d’un mécanisme pénal mixte chargé de juger les responsables présumés de ces crimes, y compris ceux qui sont recensés dans le rapport du projet Mapping de l’ONU rendu public en 2010.
Depuis juillet, Denis Mukwege reçoit des menaces de mort dans le cadre d’une campagne d’intimidation menée sur les réseaux sociaux, par appels téléphoniques et messages directs. Sa famille et ses collègues de l’hôpital de Panzi sont également visés.
Il y a deux semaines, le président Félix Tshisekedi a « engagé » son gouvernement à « prendre toutes les mesures qui s’imposent pour assurer la sécurité du Dr Mukwege et ouvrir des enquêtes sur ces faits ».
Plusieurs ambassades, ainsi que des organisations nationales et internationales, dont le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies et le Parlement européen, ont condamné publiquement ces menaces et demandé la tenue d’une enquête et une protection renforcée.
En octobre 2012, Denis Mukwege a échappé à une tentative d’assassinat lorsque des hommes armés ont fait irruption chez lui et ont ouvert le feu à plusieurs reprises. Son garde du corps avait été tué. Après un court exil en Europe, il est retourné en RDC en janvier 2013. Des Casques bleus de l’ONU veillaient à sa sécurité jusqu’à leur retrait en mai 2017.