FÉDÉRATION DE RUSSIE : Les personnes déplacées d’origine tchétchène ne doivent pas être renvoyées en Tchétchénie tant que leur sécurité n’y sera pas garantie

Index AI : EUR 46/064/02

Amnesty International condamne fermement toute tentative visant à renvoyer en Tchétchénie des personnes déplacées tant que leur sécurité ne pourra pas être garantie. L’organisation de défense des droits humains a exprimé son inquiétude à la suite d’informations selon lesquelles les autorités russes envisageraient de fermer des camps situés en Ingouchie et abritant des personnes ayant fui les hostilités en Tchétchénie. Ces fermetures devraient intervenir d’ici la fin du mois de janvier 2003. Le camp d’Aki Yourt fermerait dès le 1er décembre 2002.

" Si on les renvoie chez elles, la plupart de ces personnes non seulement retrouveront leurs logements pillés ou détruits et ne disposeront pas des conditions minimum pour subsister, mais elles risqueront en outre d’être victimes d’actes de torture, de mauvais traitements, de détentions arbitraires, de "disparitions" ou d’exécutions extrajudiciaires ", a déclaré Amnesty International.

Des centaines de milliers de personnes, fuyant la guerre qui dévaste depuis une décennie la Tchétchénie, ont trouvé refuge dans les républiques voisines. Les pouvoirs publics russes se préparent maintenant à renvoyer plus d’un millier d’entre elles dans un pays où les civils sont quotidiennement mis en danger de mort, tant par les forces de sécurité russes que par les combattants tchétchènes.

La prime financière promise aux personnes rentrant chez elles par les autorités tchétchènes soutenues par Moscou ne peut en aucune façon se substituer aux obligations contractées par le gouvernement russe au titre du droit international humanitaire et de la législation relative aux droits humains.

" Les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ont le droit de ne pas être contraintes à rentrer chez elles ou à aller s’installer dans tout autre endroit où leur vie, leur sécurité, leur liberté ou leur santé serait menacée, a ajouté l’organisation. Or, une telle menace existe actuellement en Tchétchénie. "

" Amnesty International s’oppose au retour des personnes déplacées, sous la pression et la contrainte, vers des lieux où leur sécurité n’est pas assurée. Nous espérons vivement que la fermeture du camp d’Aki Yourt ne marquera pas le début d’une série de fermetures ", a indiqué Nicola Duckworth, directeur du Programme Europe d’Amnesty International.

L’organisation appelle la communauté internationale à veiller à ce que les personnes qui ont fui les hostilités ne soient pas renvoyées en Tchétchénie ou dans d’autres régions de la Fédération de Russie si leur sécurité et les conditions pour un retour durable et digne ne sont pas assurées.

Contexte
La reprise des hostilités en Tchétchénie, en 1999, a entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes, dont beaucoup ont été victimes ou comptent parmi leurs proches des victimes de graves violations des droits humains. Il reste au moins 110 000 Tchétchènes en Ingouchie et, même si bon nombre d’entre eux aimeraient rentrer chez eux si les circonstances le permettaient, ils refusent de le faire pour l’instant, essentiellement pour des raisons de sécurité.
La récente prise d’otages à Moscou a rendu plus pénible encore le sort des Tchétchènes en Fédération de Russie. En Tchétchénie même, les forces de sécurité russes continuent de commettre de graves atteintes aux droits fondamentaux de la population civile, dans un climat d’impunité. Ailleurs en Russie, les Tchétchènes sont soumis à des actes de harcèlement et à des mesures de détention arbitraire par les organes chargés de l’application des lois.

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