FÉDÉRATION DE RUSSIE : Le sentiment anti-tchétchène à Moscou après l’attentat du métro demeure incontrôlé

FÉDÉRATION DE RUSSIE : Le sentiment anti-tchétchène à Moscou après l’attentat du métro demeure incontrôlé

Index AI : EUR 46/007/2004

Mercredi 18 février 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les autorités russes sont responsables de la sécurité de tous leurs
citoyens, y compris celle des Tchétchènes, a déclaré Amnesty International
ce mercredi 18 février 2004. L’organisation a appelé les autorités à prendre
immédiatement des mesures décisives pour empêcher toute incitation à la
haine raciale, conformément à la loi.

L’organisation de défense des droits humains s’inquiète de la vague
d’hostilité actuelle vis-à-vis des Tchétchènes et des personnes originaires
du Caucase dont il est fait état dans la capitale russe, après l’attentat
dans le métro de Moscou le 6 février 2004 qui a tué au moins 41 personnes et
en a blessé plus de 100.

Selon les informations communiquées à Amnesty International, les membres des
minorités ethniques originaires de la région du Caucase sont redevenus la
cible de propos discriminatoires, de contrôles d’identité et de fouilles
arbitraires, ainsi que d’agressions à caractère raciste sous prétexte de
vengeance. Bien que l’attentat du métro n’ait pas été revendiqué, de hauts
responsables du gouvernement russe, dont le président Vladimir Poutine,
avaient très rapidement accusé les Tchétchènes. Une nouvelle législation
plus stricte - concernant le système des propiska ou autorisation de
résidence, officiellement aboli par la Constitution de 1993 - est en projet
pour la capitale, qui viserait à combattre « l’immigration illégale ».

En outre, une organisation extrémiste aurait appelé à un rassemblement
public avec pour mot d’ordre « Nettoyer Moscou des bandits tchétchènes ! ».
Amnesty International s’inquiète de ce qu’on peut qualifier d’incitation à
la haine sur des critères de nationalité et d’incitation à la violence
raciale. Plusieurs groupes russes importants de défense des droits humains
ont également fait part de leur inquiétude concernant cette manifestation.

« Dans le climat actuel, nous sommes inquiets de constater que ce
rassemblement pourrait conduire à des violences à caractère racial. Les
autorités doivent prendre toutes les mesures nécessaires, conformément à
leurs obligations internationales, pour protéger les victimes potentielles
de tels agissements et faire en sorte que s’appliquent les garanties
constitutionnelles relatives à l’égalité de tous les citoyens. De tels
slogans incendiaires semblent bien viser à attiser la haine raciale et
doivent donc être immédiatement bannis de tous les lieux publics de la
capitale, a déclaré Amnesty International.

« Rien ne peut justifier l’homicide sans discrimination de civils a déclaré
l’organisation dans une condamnation sans réserve de l’attentat du métro.
Les responsables de tels actes doivent être retrouvés et traduits en
justice. »

L’organisation appelle la Fédération de Russie à veiller à ce que toutes les
mesures prises soient conformes au droit international humanitaire et à ce
que la « lutte contre le terrorisme » ne soit pas un moyen de restreindre
les droits humains de ses citoyens, quelle que soit leur origine ethnique.

Complément d’information

Les recherches menées par Amnesty International et des groupes russes de
défense des droits humains ont montré que la discrimination à l’égard des
Tchétchènes était courante dans toute la Fédération de Russie et que les
actes de harcèlement et les agressions racistes étaient plus nombreux après
un attentat ou des évènements tels que la prise d’otages dans un théâtre de
Moscou en octobre 2002. Les organes responsables de l’application des lois
ont déclenché ce qu’on pourrait appeler une campagne ciblée à l’égard des
Tchétchènes, qui s’est traduite par des arrestations arbitraires et la
transformation en suspects de Tchétchènes chez qui les autorités plaçaient
de la drogue ou des armes lors de fouilles ou de perquisitions.

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