Gaza : La catastrophe humanitaire imminente souligne plus que jamais la nécessité pour Israël de lever son blocus illégal

La récente décision des autorités israéliennes de réduire considérablement l’alimentation en électricité de la bande de Gaza pourrait avoir des conséquences humanitaires catastrophiques pour ses habitants, qui souffrent déjà du blocus implacable imposé depuis 10 ans par Israël, a alerté Amnesty International.

La dernière série de coupures de courant annoncée par Israël le 11 juin 2017, qui restreint l’alimentation en électricité à deux à trois heures par jour, va avoir des effets désastreux sur les infrastructures gazaouies déjà dévastées et entraîner une catastrophe en matière de santé publique. Elle va aussi mettre en péril des milliers de vies, notamment celles des patients hospitalisés pour des pathologies chroniques ou en soins intensifs, dont les bébés en couveuse.

« Depuis 10 ans, ce siège prive illégalement les Palestiniens de Gaza de leurs droits les plus fondamentaux et des produits de première nécessité. Plombée par le blocus illégal et trois conflits armés, l’économie s’est effondrée et les conditions humanitaires se sont sérieusement détériorées. Ces nouvelles coupures de courant risquent de transformer une situation déjà difficile en catastrophe humanitaire à part entière  », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Les coupures d’électricité vont avoir de graves répercussions sur des services essentiels, tels que la santé, la gestion des eaux usées et l’accès à l’eau potable, pour toute la population de Gaza.

« En tant que puissance occupante, Israël a l’obligation de répondre aux besoins fondamentaux de la population. Il doit au grand minimum cesser de bloquer l’accès aux denrées de base. Les autorités israélienne doivent immédiatement lever ce blocus illégal et mettre un terme à la sanction collective infligée à la population de Gaza », a déclaré Magdalena Mughrabi.

« Dix ans après l’entrée en vigueur de ce blocus, la communauté internationale ne peut pas continuer à fermer les yeux sur les souffrances terribles provoquées par l’isolement cruel et inhumain imposé à Gaza par Israël.  »

Le mois de juin 2017 marque le 10e anniversaire de la mise en place par Israël du blocus terrestre, maritime et aérien à Gaza. Associé aux restrictions imposées par l’Égypte, ce blocus prive plus de deux millions d’habitants de quasiment tout accès au monde extérieur. Depuis son entrée en vigueur, le taux de chômage a explosé et de nombreuses familles ont sombré dans une extrême pauvreté. Aujourd’hui, environ 80 % de la population survit grâce à l’aide humanitaire.

Les coupures d’électricité

Depuis plus de dix ans, Gaza souffre d’un déficit chronique d’électricité. En 2013, n’ayant plus la possibilité de s’approvisionner en carburant bon marché en Égypte, la seule usine de production d’électricité de Gaza a dû se tourner exclusivement vers le carburant israélien. Celui-ci étant beaucoup plus cher, la capacité de l’usine a dû être réduite de moitié. À maintes reprises, sa production a dû être arrêtée car elle n’avait pas les moyens d’acheter le carburant nécessaire pour continuer de fonctionner.

Déjà avant les nouvelles restrictions qui viennent d’être annoncées, l’électricité était rationnée à environ huit heures par jour. Ces deux derniers mois, avant l’annonce des nouvelles coupures, l’approvisionnement avait été réduit à quatre heures par jour à la suite d’une querelle entre les autorités palestiniennes de Cisjordanie et le Hamas.

Des habitants ont raconté à Amnesty International que les coupures de courant avaient des conséquences sur tous les aspects de leur vie quotidienne. Beaucoup de Gazaouis vivent dans des immeubles à plusieurs étages et sont privés d’eau courante faute de pouvoir utiliser les pompes électriques qui amènent l’eau dans les appartements. Ils sont donc obligés d’acheter au prix fort de l’eau en bouteille pour la cuisine, la douche et les tâches ménagères. Ils ne peuvent pas non plus utiliser les ascenseurs pour rentrer ou sortir de chez eux, ce qui est particulièrement problématique pour les personnes âgées ou handicapées.

Mohammad Abu Rahma, un habitant de la ville de Gaza, a raconté les conséquences des coupures d’électricité sur sa vie et celle de sa femme et de leurs trois enfants. Faute d’électricité, ils n’ont plus l’eau courante et ne peuvent pas faire des choses simples comme stocker de la nourriture au frigo. Le soir, les enfants n’ont pas de lumière pour lire ou étudier.

« Depuis le début [du blocus] à Gaza il y a dix ans, nous vivons dans une situation de crise. Ce n’est pas nouveau. Mais ce qui se passe aujourd’hui […] c’est une catastrophe […] C’est immoral de nous imposer une telle vie. Tout le monde à Gaza est touché par cette situation. Personne n’est épargné », a-t-il déclaré.

« Cela implique de vivre sous cette chaleur insupportable sans ventilateurs, sans même parler de la climatisation. Et encore, uniquement pour ceux d’entre nous qui ont la chance que leur logement soit encore debout après la dernière guerre. Nous avons le sentiment d’étouffer. »

Nour al Sweiki, une habitante de la ville de Gaza, a raconté à Amnesty International que les familles s’évertuaient à concentrer toutes les tâches domestiques durant les trois ou quatre heures d’électricité quotidiennes.

«  Les gens ici vivent sans droits […] Tout régresse. Rien n’avance sauf le temps. La pauvreté, le chômage, le manque d’eau – tout se dégrade  », a-t-elle déclaré.

Un autre habitant de Gaza, Sami Abd al Rahman, a également indiqué que lui et sa famille, comme la plupart des Gazaouis, avaient réorganisé leur vie autour des quelques heures d’électricité – se levant au milieu de la nuit pour effectuer des tâches simples comme faire une lessive ou prendre une douche. Il s’inquiète des répercussions de cette crise persistante sur l’état mental et psychologique de ses enfants.

« Les autorités israéliennes doivent faire en sorte que l’approvisionnement en électricité soit rétabli à un niveau suffisant pour répondre de manière durable aux besoins humanitaires, tels que la santé, l’eau et l’assainissement », a déclaré Magdalena Mughrabi.

« Les autorités palestiniennes de Cisjordanie, le Hamas et Israël doivent tous veiller à ce que leurs querelles politiques ne se règlent pas aux dépens des droits fondamentaux des Gazaouis. »

Les conséquences plus larges du blocus

La situation dans la bande de Gaza est devenue si intenable que l’ONU a averti, en 2015, que ce territoire deviendrait « inhabitable d’ici 2020 ».

Le blocus israélien illégal restreint fortement les déplacements de personnes et les transferts de denrées, interdisant la majorité des exportations et des importations, y compris de matières premières. Parallèlement, l’Égypte impose des restrictions sévères au point de passage de Rafah, qui est fermé la plupart du temps.

Les destructions provoquées par les trois conflits armés qui ont éclaté entre Israël et des groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza depuis le début du blocus ont aussi eu des conséquences catastrophiques sur des infrastructures essentielles et sur l’économie gazaouie. Durant ces conflits, les deux camps ont commis des violations du droit international humanitaire, dont des crimes de guerre.

Lors de chacun des trois conflits, Israël a pris pour cible des infrastructures civiles, dont des usines de production d’électricité, de production d’eau potable et de traitement des eaux usées, détruisant des dizaines de milliers de biens civils, tels que des habitations, des boutiques et des usines. Le pays a ensuite refusé l’entrée à Gaza de la plupart des matériaux de construction nécessaires pour reconstruire ces infrastructures civiles.

« La destruction injustifiée d’habitations et d’infrastructures civiles, associée aux privations économiques, rend la vie quotidienne de nombreux Palestiniens semblable à cauchemar éveillé dont ils ne voient pas le bout », a déclaré Magdalena Mughrabi.

« Rien ne saurait justifier que l’on prive une population entière de denrées humanitaires, d’eau et d’électricité en quantité suffisante pendant 10 ans. Israël doit lever ce blocus immédiatement. »

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