GUATÉMALA : Amnestydénonce l’implication des services de renseignement guatémaltèques dans des crimes de sang

Index AI : AMR 00/000/2003

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

À VOIR SUR INTERNET : ALFONSO PORTILLO DISPOSE D’UN VÉRITABLE ESCADRON DE LA
MORT

New York (États-Unis). Amnesty International a diffusé aujourd’hui sur
Internet le premier clip animé consacré à une organisation militaire
guatémaltèque qui pilote un escadron d’espions et d’assassins et a derrière
elle un lourd passé de violations des droits humains. Alors que le président
du Guatémala, Alfonso Portillo avait promis de dissoudre l’Estado Mayor
Présidencial (EMP, État-major présidentiel), force spéciale chargée de sa
sécurité, il a non seulement continué de financer ses activités, mais il a
considérablement augmenté son budget, y consacrant chaque année depuis son
entrée en fonction plusieurs millions d’euros supplémentaires.

« Amnesty International est prête à utiliser tous les outils dont elle
dispose pour en finir avec le scandale que représente l’EMP », a déclaré
William Schultz, directeur exécutif de la section étasunienne d’Amnesty
International. « Face à un budget qui ne fait qu’augmenter, les défenseurs
des droits humains doivent développer d’autant leur action et les moyens
qu’ils y consacrent. Ils doivent utiliser notamment toute la puissance
d’Internet pour empêcher l’EMP de continuer de terroriser la population
guatémaltèque. Nous devons également veiller à ce que le gouvernement
d’Alfonso Portillo ne se contente pas de faire disparaître cette unité sous
un coin de tapis, sans faire le grand ménage qui s’impose au sein des
services de renseignement. »

Le court film d’animation qu’Amnesty International diffuse aujourd’hui sur
Internet s’intègre dans le cadre d’une action plus large, visant à faire
pression sur le gouvernement d’Alfonso Portillo, pour qu’il dissolve l’EMP
avant la fin du mois d’octobre 2003, date la plus récente proposée par le
chef de l’État. Le démantèlement de l’EMP était au centre des
recommandations figurant dans les accords de paix de 1996. Il constitue
depuis une préoccupation majeure du mouvement guatémaltèque de défense des
droits humains et de la communauté internationale. La dissolution de ce
service a également été recommandée par les institutions et pays donateurs,
regroupés au sein du Groupe consultatif, lors de leur réunion à Guatémala,
les 13 et 14 mai derniers. Amnesty International demande également au
président de la République d’œuvrer en faveur de l’adoption d’une
législation spécifique, soumettant à un contrôle toutes les structures
militaires de renseignement et garantissat que les membres de ces
structures seront à l’avenir tenus de rendre compte de leurs actes.

Dans le cadre d’une campagne internationale, le Secrétariat international
(SI) et la section des États-Unis d’Amnesty International (AIUSA) publient
conjointement, à côté de ce film d’animation, un article consacré à la
nécessité de dissoudre l’EMP et de réformer les services de renseignement du
Guatémala. Ces deux documents, qui figurent (en anglais et en espagnol) sur
les sites du SI et d’AIUSA, dressent un historique de l’action de l’EMP et
des abus de pouvoir dont cette officine se rend coupable depuis des années.

L’EMP a commis d’innombrables atrocités depuis sa création, au début des
années 1980. Parmi les crimes les plus notoires dans lesquels l’EMP est
soupçonné d’avoir trempé, citons le meurtre, en 1990, de Myrna Mack,
chercheuse en sciences sociales de réputation mondiale, le meurtre, en 1994,
du président de la Cour constitutionnelle, Eduardo Epaminondas González
Dubón, et le meurtre, en 1998, de l’évêque de l’Église catholique Juan José
Gerardi. Les « membres » de l’EMP se livrent également à des manipulations
de preuves, à des menaces, voire à l’assassinat de témoins dans le cadre des
procédures judiciaires auxquelles ces affaires, ou d’autres, ont donné lieu.

Alfonso Portillo promet tous les ans depuis sa prise de fonction, en janvier
2000, qu’il va dissoudre cet EMP de triste renommée, comme le demandent les
accords de paix signés par le gouvernement en 1996. Or, à la fin du premier
semestre 2003, seuls un peu plus de 200 des 650 membres de l’EMP avaient été
mutés à d’autres postes de l’administration militaire ou civile. Qui plus
est, les spécialistes militaires notoires de l’EMP n’ont pas été concernés
par ces mouvements.

« Alfonso Portillo n’a pas pour l’instant tenu ses promesses. Son attitude
est une insulte à la mémoire de certains des plus courageux défenseurs des
droits humains du Guatémala », a indiqué Eric Olson, responsable des actions
en Amérique au sein d’AIUSA. « S’il ne réagit pas rapidement, il ne laissera
de son passage aux affaires qu’un héritage d’impunité. »

Alors que les effectifs de l’EMP sont censés diminuer, son budget est en
augmentation. Au lendemain de l’entrée en fonctions d’Alfonso Portillo, il a
augmenté de près de 50 p. cent, passant d’environ 12,8 millions d’euros en
2000 à environ 18,7 millions d’euros en 2001. En 2002, les dépenses de l’EMP
ont augmenté de près de 140 p. cent, passant d’une enveloppe de 7,18
millions d’euros accordée par le Parlement à plus de 17 millions d’euros.

« Alfonso Portillo a promis de se débarrasser de son unité spéciale d’ici
octobre 2003 », a rappelé Ignacio Saiz, directeur adjoint du programme
régional Amériques au sein du Secrétariat international. « Nous le mettons
au défi, ainsi que son gouvernement, de tenir cette promesse, après
plusieurs années de tergiversations, et même d’aller un peu plus loin, en la
tenant d’ici la fête de l’Indépendance du Guatémala, qui a lieu au mois de
septembre. Ce serait là une excellente manière de célébrer dignement la fête
nationale et de faire un pas clairement affirmé sur la voie d’une paix et
d’une stabilité politique durables. » .

Le film d’animation pour le démantèlement de l’EMP figure à l’adresse web
suivante :
http://www.amnestyusa.org/countries/guatemala/actions/peace_accords/emp.html

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