GUATÉMALA : Halte à la violence contre les paysans

Index AI : AMR 34/019/2003

Les actes de harcèlement et de violence contre les dirigeants paysans ont
augmenté ces derniers mois. Ces actes s’inscrivent dans le cadre d’une vague
croissante de tentatives d’intimidation et d’agressions visant le mouvement
paysan, dans la capitale guatémaltèque et dans les zones rurales, a déclaré
Amnesty International.
« Ces menaces augmentent en intensité, alors que le problème de la pénurie
des terres et de leur mauvaise répartition s’aggrave de jour en jour, dans
un contexte national de crise du marché du café, de pauvreté et de disette
dans les campagnes. »
Au cours des derniers mois, Daniel Pascual, Juan Tiney, Rafael Chanchavac
Cux, Gilberto Atz et Elizabeth Cabrera ont fait l’objet de menaces de mort,
d’agressions, de vols, de violations de domicile ou d’actes de harcèlement
et d’intimidation. Lors des cambriolages dont ils ont été victimes, on leur
a dérobé leurs téléphones portables, ainsi que des documents importants
concernant la plupart des affaires dont s’occupent les organisations
auxquelles ils appartiennent.
« Le gouvernement guatémaltèque doit adopter de toute urgence des mesures
efficaces, afin de mettre fin aux actes incessants d’intimidation et de
violence dont sont victimes les militants de la cause paysanne », a déclaré
Amnesty International.
« Ces actes de plus en plus fréquents, qui touchent les membres des
organisations paysannes, et qui vont jusqu’à l’exécution extrajudiciaire,
ainsi que l’impunité généralisée dont jouissent leurs auteurs, constituent
de toute évidence des atteintes aux droits civils et politiques des
personnes visées. »
« L’absence d’enquêtes sérieuses et approfondies et le fait que les
responsables échappent à toutes poursuites portent atteinte non seulement à
la crédibilité des institutions de la justice, mais également à leur
capacité même de s’acquitter de leur tâche, a ajouté l’organisation de
défense des droits humains. De tels actes représentent par conséquent une
menace directe pour l’état de droit. »
Les militants paysans ont toujours été la cible d’actes de répression et de
violence. Ces militants appuient les communautés paysannes dans leurs luttes
pour récupérer ou conserver des terres qu’elles considèrent comme leur
propriété légitime. Les groupes auxquels ils appartiennent militent pour que
soient appliquées les dispositions relatives à la propriété de la terre
contenues dans les accords de paix signés en 1996.
Les dirigeants et les adhérents du Comité de Unidad Campesina (CUC, Comité
de l’unité paysanne), de la Coordinadora Nacional Indígena y Campesina
(CONIC, Coordination nationale indigène et paysanne) et de la Coordinadora
Nacional de Organizaciones Campesinas (CNOC, Coordination nationale des
organisations paysannes) sont, depuis l’origine, en butte aux persécutions,
en raison de leur action pour une meilleure répartition des terres.
Daniel Pascual, Juan Tiney, Gilberto Atz et trois autres dirigeants
nationaux du mouvement paysan font en outre l’objet de poursuites pour
incitation à l’appropriation illégale de terres et pour « appropriation
illégale aggravée », sur plainte de la Chambre d’agriculture. Amnesty
International craint que ces charges et la procédure judiciaire qui en
découle ne soient en fait motivées par des préoccupations d’ordre politique.
Amnesty International a instamment prié le gouvernement de garantir la
sécurité de tous les paysans et activistes de la cause paysanne, qui
militent pour une meilleure répartition des terres. Elle lui a également
demandé de veiller à ce que les conflits de la terre trouvent rapidement une
solution équitable. Les opérations menées par les forces de sécurité dans le
cadre des litiges fonciers (cas des expulsions, par exemple) doivent se
dérouler dans le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
« Si le gouvernement veut réellement lutter contre cette nouvelle vague de
violence visant la population des campagnes, il doit appliquer les
dispositions relatives à l’accès à la terre contenues dans les accords de
paix et se doter d’une politique rurale globale. C’est ainsi, et ainsi
seulement, qu’il pourra s’opposer à la discrimination et à la
marginalisation sociale, politique et culturelle qui bloquent le
développement socioéconomique des campagnes et qui contribuent à perpétuer
un climat de violence et d’impunité », a conclu Amnesty International.

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