Les autorités vietnamiennes doivent cesser de réprimer les manifestants pacifiques et doivent remettre en liberté tous les prisonniers d’opinion, a déclaré Amnesty International le 23 mai.
Alors que le Viêt-Nam accueille le président des États-Unis Barack Obama pour une visite de trois jours, les autorités ont continué de réprimer les libertés d’expression et de réunion pacifique en arrêtant six militants pacifiques et en orchestrant une campagne d’intimidation et de harcèlement visant de nombreux autres militants.
« Alors même que la visite du président des États-Unis attire l’attention internationale sur leur pays, les autorités vietnamiennes n’hésitent pas à mener leurs habituelles opérations de répression », a déclaré Rafendi Djamin, directeur du bureau régional Asie du Sud-Est et Pacifique d’Amnesty International.
Les six militants pacifiques qui ont été arrêtés ces derniers jours sont : Nancy Nguy ?n, Nguy ?n Vi ?t D ?ng, Ph ?m ?oan Trang, V ? Huy Hoàng, Nguy ?n Ng ?c Nh ? Qu ?nh, et Nguy ?n Bá Vinh.
« Avant de quitter le Viêt-Nam, le président Barack Obama doit demander avec insistance la libération de tous les prisonniers d’opinion et que les autorités s’engagent à autoriser les manifestations pacifiques, a déclaré T. Kumar, directeur du travail de plaidoyer international à Amnesty International. Les droits humains ne doivent pas être sacrifiés au profit d’accord commerciaux et sur des questions de sécurité. »
Outre ces arrestations, de nombreux militants ont signalé sur les réseaux sociaux que des policiers en civil postés devant leur domicile les avaient empêchés de sortir de chez eux.
Amnesty International s’est entretenue avec des militants, dans plusieurs villes à travers le pays, qui font l’objet de mesures de surveillance et d’intimidation. Plusieurs militants ont été agressés physiquement au cours de la dernière semaine et Amnesty International ne dispose d’aucune information signalant que l’un au moins des auteurs présumés de ces agressions aurait été arrêté.
La répression menée par les autorités s’est également traduite par des mesures interdisant à des journalistes de la BBC d’exercer leur activité, et par le blocage de sites de médias sociaux, parmi lesquels Facebook et Instagram.
« Les autorités vietnamiennes doivent permettre aux journalistes de faire leur travail et aux personnes de s’exprimer librement », a déclaré Rafendi Djamin.
Complément d’information
Au cours du mois dernier, les autorités vietnamiennes ont organisé dans tout le pays une répression des manifestations dénonçant le fait que le gouvernement n’a pas fait le nécessaire pour gérer les répercussions d’un désastre écologique qui a détruit les réserves de poisson dans les provinces côtières.
Parmi les personnes victimes de la dernière vague d’arrestations qui a eu lieu la semaine dernière figure Nancy Nguy ?n, une Américaine arrivée au Viêt-Nam le 17 mai 2016 pour participer aux manifestations. Deux jours plus tard, elle a signalé sur les réseaux sociaux que 20 agents des forces de sécurité se trouvaient devant son hôtel.
Nancy Nguy ?n n’a ensuite plus donné de nouvelles, et l’on ignore toujours ce qu’il est advenu d’elle et où elle se trouve actuellement.
Nguy ?n Vi ?t D ?ng a été arrêté le 20 mai à H ? Chí Minh Ville, où il s’était rendu depuis sa ville dans la province de Ngh ? An. Il a été remis en liberté le 23 mai après avoir été reconduit par avion dans la province de Ngh ? An.
Il avait été libéré de prison en avril 2016, à l’issue d’une peine d’un an d’emprisonnement purgée pour avoir participé à une manifestation pacifique à Hanoï.
La journaliste Ph ?m ?oan Trang et le blogueur V ? Huy Hoàng ont été arrêtés à Hanoï dans la matinée du 23 mai. On ne dispose pas d’informations précises sur leur arrestation.
Dans la matinée du 23 mai, Nguy ?n Ng ?c Nh ? Qu ?nh et Nguy ?n Bá Vinh ont été arrêtés à Nha Trang. Nguy ?n Bá Vinh s’était rendu tôt dans la matinée sur une plage avec une banderole sur laquelle on pouvait lire « Pourquoi les poissons sont-ils morts ? »
Il a été attaqué physiquement par un groupe d’hommes en civil. Nguy ?n Ng ?c Nh ? Qu ?nh est allée sur la plage pour lui venir en aide et elle a elle aussi été attaquée. Ils ont tous les deux été arrêtés vers huit heures, heure locale, et détenus jusqu’à 16 heures.
Aucun de leurs agresseurs n’a été arrêté. C’était la deuxième fois en l’espace d’une semaine que Nguy ?n Ng ?c Nh ? Qu ?nh était arrêtée. Le 15 mai, elle avait été arrêtée à H ? Chí Minh Ville alors qu’elle essayait de rejoindre des manifestations organisées dans la ville.
Pour en savoir plus ou pour organiser une interview, des porte-parole d’Amnesty International sont disponibles à Londres et à Djakarta pour un entretien sur les violations des droits humains commises au Viêt-Nam et en Asie du Sud-Est.
Article de Rafendi Djamin et T. Kumar paru dans TIME Magazine :
Obama Must Insist on Release of Vietnamese Political Prisoners
Aucun accord commercial et sur des questions de sécurité ne doit se faire au détriment de droits humains essentiels