Des dizaines d’habitants ont confié à Amnesty International qu’ils redoutent les conséquences à long terme que pourraient avoir sur leur santé les déchets toxiques appartenant à la compagnie de courtage pétrolier Trafigura qui ont été déversés à Abidjan, en Côte d’Ivoire, il y a de cela huit ans.
Des chercheurs d’Amnesty International ont recueilli des témoignages auprès des habitants d’Akouédo, où une partie des déchets ont été déchargés illégalement dans la nuit du 19 au 20 août 2006. Ce déversement a provoqué une catastrophe humaine et environnementale. Plus de 100 000 personnes ont eu besoin d’une assistance médicale et une décontamination considérable a été nécessaire.
« Nous avons rencontré des gens qui nous ont livré des témoignages déchirants à propos des pertes qu’ils ont subies à cause du déversement de déchets », a déclaré Seema Joshi, qui se trouve à la tête de l’équipe d’Amnesty International travaillant sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains.
« Les habitants sont maintenant particulièrement inquiets pour leurs enfants, qui continuent de souffrir en permanence de problèmes de santé. Huit ans après, ces personnes ne savent toujours pas à quel point leur environnement est contaminé et à quel point il est dangereux de vivre là. »
Pratiquement toutes les personnes avec qui Amnesty International s’est entretenue ont affirmé qu’elles peuvent encore sentir l’odeur des déchets toxiques après une forte pluie et qu’aucune opération de nettoyage appropriée n’a été menée.
À Abidjan, des médecins ont expliqué à l’organisation qu’ils sont profondément préoccupés à l’idée que la pollution pourrait être à l’origine de problèmes respiratoires développés par les enfants. Selon eux, le gouvernement n’a mené aucune enquête sanitaire officielle auprès des personnes affectées par le déversement de déchets toxiques.
Le Programme des Nations unies pour l’environnement a prévu de procéder à un audit environnemental des sites de déversement au deuxième semestre 2014 et Amnesty International exhorte le gouvernement ivoirien à rendre publiques les conclusions de l’audit. Cette enquête devra déterminer si les sites sont toujours contaminés et pourrait aider à la fois à évaluer les implications actuelles pour la santé et à identifier les composants de ces déchets toxiques, qui n’ont jamais été révélés par Trafigura.
Amnesty International continue d’appeler le gouvernement de Côte d’Ivoire à se pencher sur les questions sanitaires qui préoccupent depuis longtemps les habitants, à veiller à ce que tous les sites de déversement soient parfaitement nettoyés, et à contraindre Trafigura à révéler de quoi sont composés exactement ces déchets toxiques.