Communiqué de presse

Honduras. Des dirigeants indigènes risquent d’être injustement emprisonnés

Les autorités honduriennes doivent abandonner les poursuites, fondées sur des accusations fallacieuses, engagées contre trois dirigeants indigènes dont le procès se termine vendredi 20 septembre. Alors que l’élection présidentielle de novembre approche, les défenseurs des droits humains sont de plus en plus souvent victimes d’attaques dans ce pays, a déclaré Amnesty International.

« Ceux qui défendent les droits fondamentaux au Honduras risquent désormais leur vie. Les dirigeants indigènes protégeant les droits de leur peuple sont particulièrement visés », a déploré Nancy Tapias Torrado, spécialiste à Amnesty International des défenseurs des droits humains de la région des Amériques. Elle a rencontré ces trois responsables en mai.

Bertha Cáceres, Tomás Gómez et Aureliano Molina ont été accusés « d’usurpation, de coercition et de dommages continuels » et d’avoir incité d’autres personnes à commettre ces mêmes infractions. S’ils étaient emprisonnés, Amnesty International les considérerait comme des prisonniers d’opinion.

Les trois accusés étaient en première ligne d’une campagne concernant un projet hydroélectrique à Rio Blanco, dans le nord-ouest du Honduras, où vit la communauté indigène Lenca. Ils veulent que leurs droits fondamentaux soient respectés, notamment le droit de donner leur consentement libre, préalable et éclairé à propos de ce projet.

Bertha Cáceres, coordonnatrice du Conseil civique d’organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH), doit par ailleurs répondre d’accusations de transport d’arme à feu non enregistrée. Elle affirme que l’arme en question a été subrepticement placée dans sa voiture par des militaires à hauteur d’un point de contrôle. Le procès dont elle fait l’objet pour ces charges se poursuit.

« Il est manifeste que le harcèlement dont Bertha Cáceres est actuellement la cible vise à l’empêcher de défendre les droits des peuples Lenca », a souligné Nancy Tapias Torrado.

Ce cas survient alors que les attaques se multiplient contre ceux qui défendent les droits humains à travers le Honduras.

Le 15 juillet, l’armée hondurienne a tué le dirigeant indigène Tomás García et blessé son fils, après avoir ouvert le feu sur une manifestation non violente contre le projet hydroélectrique à Rio Blanco. Un soldat risque d’être poursuivi en relation avec cet homicide.

Un juge et un militant en faveur des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexuées (LGBTI) ont été tués au cours du même mois.

Dans une affaire distincte, également signalée en juillet dernier, deux militants du Projet d’accompagnement au Honduras (PROAH) ont été enlevés par plusieurs hommes armés alors qu’ils rendaient visite à des défenseurs des droits humains qui s’étaient mobilisés contre un projet minier local.

Les kidnappeurs ont déclaré qu’ils travaillaient à la mine et dit aux militants que si jamais ils revenaient, ils « disparaîtraient dans les bois ».

Dans la plupart des cas recensés par Amnesty International, il n’y a quasiment pas eu d’enquêtes sur les menaces ou les agressions dont des défenseurs des droits humains ont été victimes. Il est rare que les personnes se trouvant en danger bénéficient d’une protection efficace.

« Au lieu d’essayer de museler ceux qui défendent les droits humains, les autorités honduriennes doivent reconnaître publiquement leur travail légitime et crucial, dialoguer avec eux et travailler de concert afin d’améliorer la situation pour toutes les personnes concernées. »

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