Hongrie. Le procès des personnes accusées d’une série d’attaques contre des Roms doit s’ouvrir

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

24 mars 2011

Index AI : PRE01/156/2011

Les autorités hongroises doivent prendre des mesures en vue de venir en aide aux victimes d’attaques à caractère raciste, a déclaré Amnesty International à la veille du procès qui doit s’ouvrir vendredi 25 mars à Budapest contre quatre personnes soupçonnées d’être les auteurs d’une série d’homicides ciblant des Roms.

« Alors que s’ouvre ce procès attendu de longue date, la protection des communautés roms en Hongrie contre le harcèlement et les violences racistes doit figurer au premier rang des priorités, a indiqué Barbora Cernusakova, experte sur la Hongrie d’Amnesty International.

« Il est primordial que les victimes et leurs familles obtiennent justice et reçoivent les réparations auxquelles elles ont droit. Cela montrera que les attaques racistes ne sont pas tolérées. »

Six personnes, dont une femme et un enfant, ont été tuées dans le cadre de neuf agressions ciblant des Roms sur le territoire hongrois en 2008 et 2009.

Les quatre responsables présumés de ces crimes ont été arrêtés en août 2009. Trois d’entre eux ont été inculpés d’homicides multiples coordonnés, le quatrième est inculpé d’avoir aidé à commettre le crime d’homicide multiple prémédité.

Le Bureau national d’enquête de Hongrie a dirigé les investigations sur ces crimes. Cependant, Amnesty International, tout comme les organisations locales de défense des droits des Roms, soulignent que les autorités ne disposent d’aucune procédure particulière pour enquêter sur les crimes motivés par la haine.

Aux termes de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (CEDH), les autorités sont tenues de prendre toutes les mesures nécessaires pour démasquer toute motivation raciste et déterminer si la haine à l’égard d’une ethnie ou des préjugés ont pu jouer un rôle dans ces incidents.

Les agressions ont traumatisé la communauté rom de Hongrie, qui vit dans la peur de nouvelles violences.

Ágnes Kóka, proche de l’une des victimes, a expliqué à Amnesty International : « Ce que nous faisons, nos efforts pour essayer de prouver à la société et à nous-mêmes que nous pouvons nous en sortir n’a aucune importance. Tout ce qui compte, c’est que nous sommes nés Tziganes. »

Amnesty International est préoccupée par le fait que la police ne prend pas les mesures nécessaires afin de faire barrage au harcèlement constant auquel sont en butte les Roms.

À la suite d’une marche anti-Roms organisée le 6 mars à l’initiative du Jobbik (Mouvement pour une Hongrie meilleure), un parti d’extrême droite, dans le village de Gyöngyöspata, trois milices privées ont « patrouillé » la zone, harcelant et intimidant les habitants roms. Les Roms du secteur auraient été la cible d’injures à caractère raciste et ont peur d’essuyer de nouvelles agressions. Ces milices ont annoncé que leur prochaine cible serait les Roms de la ville d’Hajdúhadháza, où ils prévoient une manifestation le 1er avril.

« Le procès qui s’ouvre vendredi 25 mars doit délivrer un message à la société hongroise et faire clairement savoir que les communautés roms sont protégées contre les agressions violentes et les actes de harcèlement, tels les agissements qui ont eu lieu à Gyöngyöspata et ailleurs », a estimé Barbora Cernusakova.

Amnesty International suivra le procès des personnes accusées de cette série d’homicides contre les Roms.

Voir aussi :
Rapport d’Amnesty International :
Violent attacks against Roma in Hungary – Time to investigate racial motivation, novembre 2010.

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