« Des manifestants devraient descendre dans les rues de Budapest lundi soir pour une sixième nuit de protestations contre le gouvernement. Dimanche soir, nous avons assisté à des démonstrations de force injustifiée et excessive contre des manifestants pacifiques, notamment à l’utilisation de gaz lacrymogène. Cela ne doit pas se reproduire. La police ne doit recourir à la force que lorsque cela est absolument nécessaire et quand tous les autres moyens de contenir la violence ont échoué, a déclaré Massimo Moratti, directeur adjoint pour l’Europe à Amnesty International.
« L’expulsion de deux députés de l’opposition hors du siège de la télévision publique (MTVA) dimanche soir révèle la détermination des autorités hongroises à poursuivre leur répression de toute forme de dissidence. Elle est contraire à la législation hongroise, qui confère aux membres du Parlement l’immunité parlementaire et le droit d’accéder à toutes les institutions publiques, et elle bafoue les obligations internationales de la Hongrie en matière de respect du droit à la liberté d’expression. »
La répression des voix dissidentes par le gouvernement hongrois a fait l’objet d’une nouvelle condamnation internationale lundi 17 décembre, lorsque la Commission de Venise (l’un des plus importants organes consultatifs d’Europe en matière de droit constitutionnel) a rendu un avis critiquant la « taxe sur l’immigration » adoptée par la Hongrie. Cette mesure oblige les organisations de la société civile considérées comme soutenant l’immigration à payer 25 % d’impôts sur tout financement provenant de l’étranger.
Complément d’information
Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue depuis mercredi 12 décembre, après que le Parlement hongrois a adopté un texte qualifié par les manifestants de « loi d’esclavage », qui autorise les employeurs à exiger des travailleurs qu’ils fassent jusqu’à 400 heures supplémentaires par an. Les employeurs pourraient reporter le paiement de ces heures supplémentaires pendant trois ans.
Le même jour, le Parlement a également voté une loi inédite créant un nouveau système de tribunaux administratifs qui serait contrôlé par le ministre de la Justice, au lieu de fonctionner en tant qu’institution judiciaire indépendante (ce qui est la norme ailleurs en Europe).
Outre l’abrogation de la « loi d’esclavage », les manifestants ont exprimé un certain nombre d’autres demandes, dont l’indépendance du pouvoir judiciaire et celle des médias publics.