Le viol collectif et le meurtre de deux adolescentes dalits à Badaun, en Uttar Pradesh, sont un rappel de la violence dont sont victimes les femmes et les filles dalits en Inde, a déclaré Amnesty International Inde vendredi 30 mai.
Les deux jeunes filles, âgées de 14 et 16 ans, ont disparu dans la nuit du 27 au 28 mai. Elles étaient allées dans un champ pour se soulager, car il n’y avait pas de toilettes chez elles. Le père de l’une d’elles a indiqué avoir demandé de l’aide auprès de la police locale pour les retrouver, mais les policiers de garde ont refusé d’enregistrer sa plainte ou d’enquêter et l’ont giflé. Les corps des adolescentes ont été retrouvés pendus à un arbre près de leurs domiciles le lendemain. L’autopsie a révélé qu’elles avaient toutes les deux été victimes de viol collectif et étranglées.
La police a arrêté deux hommes appartenant à une caste dominante car elle les soupçonne d’être impliqués dans les faits, et elle recherche d’autres suspects. Un agent de police a été suspendu pour manquement au devoir et un autre a été arrêté.
« Bien qu’il existe des garanties constitutionnelles et des lois spéciales, les dalits, et en particulier les femmes dalits, sont victimes dans tout le pays de discrimination et de violences à plusieurs niveaux, a déclaré Divya Iyer, chercheuse au sein d’Amnesty International Inde.
« On sait que des membres des castes dominantes utilisent la violence sexuelle contre des femmes et des filles dalits comme un outil politique pour sanctionner, humilier, ou affirmer leur pouvoir. »
Bien souvent, les infractions visant des dalits ne sont pas enregistrées correctement ou ne font pas l’objet d’enquêtes en bonne et due forme, le taux de condamnations est faible et il existe un retard considérable dans le traitement des dossiers. On sait aussi que des policiers s’entendent avec les responsables de ces agissements et couvrent leurs méfaits en n’enregistrant pas les infractions contre les dalits ou en ne menant pas d’enquête.
Le manque d’installations sanitaires dans toute l’Inde représente également une véritable menace pour la sécurité des femmes et des filles forcées, car cela les force à aller se soulager dans la nature, les rendant plus vulnérables à des violences. Plus de 600 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population indienne, font leurs besoins dans la nature.
L’Inde a pour obligation, au titre du droit international, de prendre des mesures adaptées et efficaces pour prévenir et sanctionner toutes les formes de violences sexuelles et liées au genre. Les autorités d’Uttar Pradesh doivent veiller à ce que le viol et le meurtre de ces deux adolescentes fassent l’objet d’une enquête impartiale et à ce que les responsables soient traduits en justice sans délai. Elles doivent en outre obliger tous les membres de la police ayant refusé d’enregistrer des plaintes ou d’enquêter à rendre des comptes.
« Le nouveau gouvernement indien doit prendre des mesures immédiates et de grande envergure dans le but protéger le droit des femmes dalits à la sécurité et à la dignité, et de mettre un terme à l’impunité pour les crimes dont elles sont victimes », a déclaré Divya Iyer.