Inde. Il faut enquêter sur la détention illégale d’une fillette de onze ans au Manipur

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
21 août 2009

Amnesty International invite le gouvernement indien à diligenter une enquête indépendante sur les allégations selon lesquelles une fillette de onze ans a été placée en détention de manière illégale par la police de l’État de Manipur afin de contraindre ses parents, soupçonnés d’entretenir des liens avec des groupes locaux d’opposition armée, à se rendre.

Dans la matinée du 14 août, les forces de sécurité ont arrêté Bidyarani Devi Salam chez elle et l’ont placée en garde à vue pendant cinq jours. Sa détention illégale a fait descendre dans la rue des centaines de manifestants qui demandaient sa libération.

Les organisations locales de défense des droits humains ont demandé qu’une action soit intentée en justice contre la police pour avoir détenu Bidyarani Devi Salam de manière illégale. Selon ces organisations, les policiers ont enlevé la fillette pour contraindre ses parents à se rendre, ceux-ci étant soupçonnés de soutenir les groupes locaux d’opposition armée.

« Que les forces armées prennent pour cible une mineure afin de justifier leur action contre les groupes armés d’opposition est tout simplement honteux et ne saurait être toléré en aucune circonstance », a déclaré Madhu Malhotra, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Bidyarani Devi Salam a été libérée et remise à ses proches le 20 août, la police ayant interpellé ses parents qu’elle soupçonne de soutenir l’Armée populaire de libération du Manipur.

D’après la version des policiers, la fillette s’est évanouie lorsqu’ils se sont présentés à son domicile à la recherche de ses parents et ils l’ont emmenée pour la faire soigner. Toutefois, ils n’ont pas pu expliquer pourquoi ils ne l’ont pas conduite dans un centre pour enfants ou un hôpital pour y recevoir ces soins.

C’est la deuxième fois en un mois que le Manipur s’illustre par de graves violations des droits humains. Le 23 juillet, les forces de police et de sécurité ont abattu Chungkam Sanjit, ancien insurgé non armé âgé de vingt-sept ans, et une femme enceinte qui se trouvait là, au marché principal de Manipur.

Ibobi Singh, Premier ministre de l’État du Manipur, a ordonné l’ouverture d’une commission d’enquête sur ces homicides et suspendu six policiers de leurs fonctions. Cependant, ils ne sont pas encore officiellement inculpés de meurtre. Un tribunal a donné au gouvernement de l’État jusqu’au 25 août pour les inculper en bonne et due forme.

Les 4 et 5 août, la police a arrêté sept défenseurs des droits humains, dont trois femmes, qui avaient mené une manifestation devant la résidence du gouverneur de l’État, demandant que les policiers soient révoqués et formellement inculpés pour les meurtres.

« Plutôt que d’engager une action en justice contre les forces de sécurité responsables de violations flagrantes des droits fondamentaux, l’État choisit de sanctionner les militants locaux qui demandent pacifiquement que justice soit rendue », a indiqué Madhu Malhotra.

Le Manipur a récemment été le théâtre de manifestations contre la Loi de 1958 relative aux pouvoirs spéciaux des forces armées, qui confère l’immunité aux forces paramilitaires et de sécurité combattant les groupes armés d’opposition.

Amnesty International, à l’instar d’autres organisations de défense des droits humains, a demandé à maintes reprises l’abrogation de cette loi qui contrevient aux obligations internationales de l’Inde de protéger les droits fondamentaux.

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