Inde. L’ordre de « tirer pour tuer » doit être annulé

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le gouvernement de l’État indien de Jammu-et-Cachemire doit annuler l’ordre, donné ce 13 août 2008, autorisant les forces de sécurité à « tirer pour tuer » en réponse aux affrontements intercommunautaires dans la ville de Kishtwar, dans le district de Doda, a déclaré Amnesty International.

Kishtwar a été la scène de violents heurts entre hindous et musulmans le 12 août ; deux personnes au moins auraient été tuées par des tirs de la police. Kishtwar est l’une des villes de l’État actuellement sous couvre-feu après une vague de protestations qui a fait au moins 28 morts.

« L’ordre donné de « tirer pour tuer » est une violation claire du droit à la vie et des normes internationales relatives à l’application des lois, a déclaré Sam Zafiri, directeur Asie-Pacifique d’Amnesty International. L’instabilité de la situation dans l’État de Jammu-et-Cachemire exige plus de subtilité de la part des autorités, non un ordre de tirer pour tuer. »

Depuis l’annonce de la proposition du gouvernement de l’État le 26 mai de transférer certains terrains forestiers de l’État au Amarnath Shrine Board, le bureau chargé de gérer la grotte d’Amarnath, afin de faciliter le pèlerinage annuel des hindous à ce lieu saint, les protestations et contre protestations se sont multipliées, devenant de plus en plus violentes.

De nouvelles manifestations publiques ont été annoncées à l’approche du 15 août, Journée de l’Indépendance indienne, par la Conférence multipartite Hurriyat pour la liberté (APHC), l’une des plus importantes formations politiques à majorité musulmane de l’État de Jammu-et-Cachemire.

« Les autorités indiennes doivent enquêter et poursuivre en justice dans les meilleurs délais policiers et manifestants, lors d’une procédure équitable et transparente, afin de faire retomber la tension entre les communautés », a déclaré Sam Zafiri.

Amnesty International appelle le gouvernement indien à veiller à la protection du droit à la vie, conformément à ses obligations au regard du droit international. Ces obligations figurent notamment dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Inde est État partie, dans les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois et dans le Code de conduite pour les responsables de l’application des lois, qui précisent que les armes à feu ne doivent être utilisées que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger des vies.

Complément d’information

Le gouvernement de Jammu-et-Cachemire est revenu sur sa proposition de transférer les terrains forestiers objets du litige le 1er juillet, après dix jours de manifestations au Cachemire. Cette décision a provoqué des contre-manifestations au cours desquelles des manifestants de la région de Jammu ont bloqué la circulation sur la route nationale reliant Jammu à Pathankot, principale voie terrestre pour atteindre la région du Cachemire. Des membres de groupes nationalistes hindous – parmi lesquels le Parti du peuple indien Bharatiya Janata et le Vishwa Hindu Parishad (Conseil hindou mondial) – ont été accusés d’avoir provoqué un blocus économique en arrêtant la circulation dans les deux sens sur la route. L’arrêt de la circulation aurait provoqué la pénurie de produits alimentaires de première nécessité dans la vallée du Cachemire, tandis que des denrées périssables venant de la vallée n’auraient pu être acheminées et auraient été perdues. Des policiers ont ouvert le feu sur des manifestants qui tentaient de bloquer la route le 6 août, faisant un mort dans le district de Kathua.

Le 10 août, Shivraj Patil, ministre de l’Intérieur du gouvernement central, a annoncé que la route était de nouveau ouverte, sous le contrôle des forces de sécurité. En dépit de ces assurances et d’une promesse de compensation pour les producteurs de denrées périssables perdues, l’APHC a appelé à une marche des producteurs de fruits sur Muzaffarabad (capitale de l’Azad Cachemire, région du Cachemire contrôlée par le Pakistan). Le chef de la Conférence multipartite Hurriyat pour la liberté – le cheikh Abdul Aziz – figure parmi les cinq morts touchés par des tirs de la police. La nouvelle de sa mort a provoqué un nouveau sursaut de violence et une quinzaine d’autres personnes seraient mortes sous les balles des policiers dans différentes régions du Cachemire le 12 août.

Des élections doivent avoir lieu prochainement dans cet État, ainsi qu’au niveau national.

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