« Sudarto défend le droit d’une minorité de pratiquer sa religion. Sa propre liberté d’expression devrait être protégée et aucun élément ne justifie son arrestation. Les poursuites doivent être abandonnées immédiatement », a déclaré le directeur d’Amnesty International Indonésie.
« Les autorités indonésiennes usent et abusent de la loi sur l’information et les échanges électroniques en vue de restreindre la liberté d’expression. Cette loi, trop générale, doit être révisée ou abrogée. »
Complément d’information
Les autorités affirment que Sudarto s’est servi des réseaux sociaux pour dénoncer l’interdiction des messes de Noël dans un village de Dharmasraya Regency, dans la province de Sumatra-Ouest. Elles l’ont inculpé au titre de la Loi de 2008 sur l’information et les échanges électroniques.
Avant d’être arrêté, Sudarto a été convoqué au poste : huit policiers se seraient en effet rendus à son domicile.
Les accusations retenues contre lui ont fait suite à une plainte selon laquelle Sudarto diffusait des discours de haine car, d’après cette plainte, la messe de Noël n’a jamais été interdite au départ.
Baiq Nuril, institutrice de la ville de Lombok, dans la province de Nusa Tenggara Barat (Petites Îles de la Sonde occidentales), fut la première à s’opposer à la Loi sur l’information et les échanges électroniques. Elle avait été reconnue coupable d’avoir enregistré et partagé un appel téléphonique dans lequel le chef de son établissement la harcelait sexuellement.
Le président Joko Widodo a accordé une mesure d’amnistie à Baiq Nuril en 2019. Cependant, des centaines d’autres personnes ont été inculpées au titre de cette loi depuis 2011.
L’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel l’Indonésie est partie, garantit le droit à la liberté d’expression. Ce droit s’applique aux informations et idées de toutes sortes. L’exercice de ce droit ne peut faire l’objet que des seules restrictions qui sont manifestement nécessaires à la réalisation de l’objectif consistant à protéger des intérêts publics déterminés (la sécurité nationale, l’ordre public, ou la santé ou la moralité publiques) ou les droits et la réputation d’autrui. Pour être considérée comme un discours haineux, une déclaration doit prôner « la haine nationale, raciale ou religieuse, [ce qui constitue] une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence » (article 20 du PIDCP).
Le PIDCP protège également les droits à la liberté de pensée, de conscience et de religion.
La Loi relative aux informations et aux transactions électroniques est formulée en termes flous qui sont détournés par le gouvernement en vue de criminaliser la liberté d’expression, de pensée, de conscience et de religion en Indonésie.