INDONÉSIE : La famille d’un défenseur des droits humains menacée de mort

Index AI : ASA 21/050/2004
ÉFAI

Lundi 22 novembre 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

« Il faut protéger la famille de feu Munir, ancien défenseur des droits
humains. Sa femme a reçu une menace de mort au domicile familial », a
déclaré Amnesty International.

Samedi 20 novembre, Sucawati, la femme de Munir, a reçu un poulet décapité
et démembré assorti d’un mot l’avertissant en ces termes : « Faîtes
attention !!! Ne reliez pas la mort de Munir aux TNI [Forces armées
indonésiennes]. Vous voulez finir comme ce poulet ? »

« Compte tenu de ces menaces, le gouvernement indonésien doit accorder la
plus haute priorité à la protection de la famille de Munir, de ses partisans
et de tous les défenseurs des droits humains en Indonésie, a indiqué Natalie
Hill, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Asie. Par le passé,
les menaces dirigées contre des militants ont rarement fait l’objet
d’enquêtes. Afin de faire la preuve de son engagement envers les droits
humains, le nouveau gouvernement du président Susilo Bambang Yudhoyono se
doit de prendre des mesures concrètes à même d’assurer la protection de ceux
qui œuvrent à faire respecter ces droits.

« Le gouvernement indonésien doit condamner publiquement les menaces et les
agressions ciblant des défenseurs des droits humains et faire en sorte
qu’elles fassent l’objet d’enquêtes dignes de ce nom. Cela vaut également
pour les violences commises par le passé », a poursuivi Natalie Hill.

Âgé de trente-huit ans, Munir est mort le 7 septembre à bord d’un vol
reliant Singapour aux Pays-Bas. L’autopsie effectuée par les autorités
hollandaises a révélé qu’il avait été empoisonné à l’arsenic. La police
indonésienne a ouvert une enquête sur cette affaire.

Selon Amnesty International, si les autorités ne prennent pas dûment en
considération les menaces comme celles dont Sucawati a été la cible, cela
risque de compromettre cette enquête. « Pour assurer la crédibilité de
l’enquête, il est essentiel que ceux qui fournissent des informations sur la
mort de Munir puissent le faire sans crainte pour leur sécurité, a expliqué
Natalie Hill. Nous exhortons le gouvernement à mettre en place de toute
urgence un programme de protection des témoins et des victimes. »

Complément d’information

Munir comptait parmi les plus éminents défenseurs des droits humains en
Indonésie. Au cours des derniers mois du gouvernement Suharto en 1998, il a
repris le combat de dizaines de militants « disparus » et a été l’un des
fondateurs de la Komisi untuk Orang Hilang dan Korban Tindak Kekerasan
(KONTRAS, Commission des disparus et des victimes de la violence). En outre,
il participait aux enquêtes sur des atteintes aux droits humains commises au
Timor-Leste en 1999.

Ses activités en faveur de la défense des libertés fondamentales lui ont
valu d’être menacé à maintes reprises. En août 2003, une bombe a explosé
devant son domicile à Djakarta. En 2002 et 2003, une foule déchaînée a
attaqué le bureau de la KONTRAS où il travaillait, détruisant les
équipements et emportant des informations

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