Communiqué de presse

Indonésie. Le prochain président devra faire des droits humains une priorité

Au cours des 10 années de présidence de Susilo Bambang Yudhoyono, seules des avancées sporadiques ont été réalisées en matière de droits humains. Le prochain président indonésien devra rapidement tenter de venir à bout des violations incessantes des droits fondamentaux et abroger des lois répressives et discriminatoires, écrit Amnesty International, mardi 29 avril, dans un document établissant un programme en matière de droits humains destiné aux candidats à la présidence de l’Indonésie.

À l’heure où les candidats sont en pleine campagne pour l’élection présidentielle qui se tiendra le 9 juillet en Indonésie, ce programme met en avant huit points essentiels sur lesquels le prochain gouvernement devra se pencher.

« Il est décevant de constater que, jusqu’ici, les candidats se sont généralement abstenus de parler des droits humains pendant leur campagne. L’Indonésie a réalisé d’importants progrès ces 10 dernières années, mais de graves problèmes sont toujours d’actualité et les candidats devraient s’en préoccuper  », a déclaré Rupert Abbott, directeur adjoint du programme Asie d’Amnesty International.

La situation en matière de droits humains a connu quelques améliorations sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyono (2004-2014), comme l’adoption d’une nouvelle réglementation liée aux droits humains dans le domaine du maintien de l’ordre, ou les réformes juridiques renforçant la protection des témoins.

L’Indonésie a également joué un rôle important dans la création de la Commission intergouvernementale des droits humains de l’ANASE, un organe qui pourrait grandement influer sur la mise en application des normes relatives aux droits humains dans la région.

Mais de graves violations des droits fondamentaux sont encore commises, allant de la répression de la liberté d’expression au recours à la torture et à d’autres mauvais traitements par les forces de sécurité, en passant par l’impunité quasi totale pour des crimes relevant du droit international commis lorsque Suharto était au pouvoir et pendant la période de réforme qui a suivi. En outre, les exécutions ont repris dans le pays en 2013, après quatre ans d’interruption.

Bien que l’Indonésie ait adhéré à des traités internationaux garantissant la protection de certains droits, dans la plupart des cas ces traités n’ont pas été intégrés dans la législation nationale, ni mis en œuvre dans les politiques et la pratique.

« Le prochain président indonésien devra aller au-delà des promesses et veiller à ce que la réalité quotidienne soit en phase avec les engagements internationaux du pays  », a déclaré Rupert Abbott.

« Ces 10 dernières années, la situation en matière de droits humains n’a connu que des avancées sporadiques, voire des régressions dans certains domaines. »

La liberté d’expression, en particulier, a décliné ces dernières années. Le prochain président devra modifier ou abroger les lois utilisées pour ériger en infraction des activités politiques pacifiques.

Plus de 70 personnes, principalement des militants des provinces de Papouasie et des Moluques, situées dans l’est du pays, sont actuellement emprisonnées pour « rébellion » (makar) parce qu’elles ont participé à des manifestations politiques pacifiques ou brandi des drapeaux d’indépendance interdits. L’adoption, en 2007, d’une loi prohibant les drapeaux « séparatistes » a entraîné des dizaines d’arrestations.

Le harcèlement et les attaques visant des minorités religieuses ont également augmenté sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyono, encouragés par une législation discriminatoire, tant au niveau régional que national.

Dans de nombreuses régions d’Indonésie, la minorité ahmadie n’a pas le droit de promouvoir ses activités ni d’enseigner. Ces dernières années, elle a été la cible d’attaques fréquentes dans tout le pays et, selon des informations dignes de foi, des représentants locaux du gouvernement se sont parfois alliés à des groupes religieux radicaux pour menacer ou harceler ses membres dans le but de les faire renoncer à leurs convictions.

« Tant que des lois discriminatoires contre les minorités religieuses seront en place, la violence et le harcèlement subis par des groupes tels que la minorité ahmadie seront, de fait, approuvés par l’État. Le nouveau gouvernement devra très rapidement abroger les lois qui menacent la liberté de religion et d’expression », a affirmé Rupert Abbott.

Les femmes et les filles rencontrent encore des obstacles lorsqu’il s’agit d’exercer leurs droits, et des lois et règlements discriminatoires à leur égard subsistent. Le gouvernement actuel n’a pas non plus interdit certaines pratiques leur portant atteinte, comme les mutilations génitales féminines, et n’a pris aucune mesure adaptée et efficace pour empêcher ces pratiques de perdurer, par exemple en prévoyant des sanctions pénales appropriées pour les personnes qui se livrent à de tels actes.

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