Indonésie. Les militants papous emprisonnés pour avoir brandi un drapeau doivent être libérés

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International a lancé un appel ce mercredi 14 janvier en faveur de la remise en liberté immédiate et sans condition de onze manifestants papous, passibles de trois années de réclusion, voire plus, simplement pour avoir brandi un drapeau interdit.

L’organisation demande instamment au gouvernement indonésien le retrait du règlement gouvernemental de 2007 bannissant le déploiement de drapeaux séparatistes.

Les onze militants ont été arrêtés en mars 2008 pour avoir hissé le drapeau représentant « l’Étoile du matin », emblème de l’indépendance papoue. Les drapeaux avaient été brandis lors d’une série de manifestations pacifiques publiques organisées pour protester contre le règlement gouvernemental de 2007.

Le tribunal de district de Manokwari avait dans un premier temps condamné les militants à huit mois de prison. Le 9 janvier 2009, la Haute Cour provinciale de Papouasie a maintenu en appel la déclaration de culpabilité et augmenté les peines. Jack Wanggai, connu pour son militantisme, a été condamné à une peine de réclusion de trois années et demie, dix autres militants ont été condamnés à des peines de trois années d’emprisonnement.

Les accusés ont l’intention de faire appel de la décision auprès de la Cour suprême indonésienne.

« En emprisonnant des manifestants pour trois ans simplement parce qu’ils ont déployé un drapeau, il semble que l’on veuille faire un exemple pour intimider d’autres militants papous », a déclaré Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie Pacifique d’Amnesty International.

L’arrestation et la déclaration de culpabilité de ces manifestants bafouent leur droit à la liberté d’expression, d’opinion et d’association, garanti par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) auquel l’Indonésie est État partie, a déclaré Amnesty International.

En outre, l’organisation considère que les actions en justice, ainsi que le règlement gouvernemental de 2007 critiqué par les onze militants et d’autres manifestants en Papouasie, remettent en cause la Loi spéciale d’autonomie de 2001 qui accordait aux Papous le droit d’exprimer leur identité culturelle.

Amnesty International appelle au retrait du règlement de 2007 et à la libération de toutes les personnes arrêtées pour avoir déployé pacifiquement des drapeaux en Papouasie.

« Le fait d’emprisonner des personnes ayant déployé pacifiquement un drapeau en Papouasie constitue un recul par rapport à la tendance constatée récemment en faveur d’une plus grande ouverture et d’un plus grand respect pour la liberté d’expression en Indonésie ces dernières années », a déclaré Donna Guest.

Complément d’information

La situation des droits humains en Papouasie, province la plus à l’est de l’Indonésie, s’est considérablement détériorée au cours de ces dernières années. La population indigène, ethniquement différente de celle d’autres régions d’Indonésie, n’a cessé de remettre en question la politique du gouvernement indonésien en ce qui concerne les ressources naturelles de la Papouasie et la migration des non Papous dans la région. Le gouvernement indonésien maintient sur place un important contingent militaire et policier dont les membres sont régulièrement accusés d’actes d’intimidation et de menaces à l’égard de membres de la communauté indigène locale militant en faveur d’une plus grande autonomie ou de l’indépendance de l’Indonésie par des moyens pacifiques.

Les onze militants ont été accusés de « rébellion » au titre des articles 106 et 110 du Code pénal indonésien.

La loi d’autonomie spéciale n°21 de 2001 autorise l’usage de symboles régionaux papous pour l’expression de l’identité culturelle papoue tandis que l’article 6 du règlement gouvernemental n°77 de 2007 interdit l’affichage de logos séparatistes et le déploiement de drapeaux.

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