En vue d’ouvrir l’espace civique, les autorités congolaises doivent lever l’interdiction de manifester pacifiquement, libérer les dissidents et mettre fin à la répression contre les défenseurs des droits humains.
« Elles doivent supprimer sans délai toutes les mesures illégales qui empêchent ou limitent la participation et l’engagement des citoyens, notamment l’interdiction totale de manifester, et rétablir pleinement avant les élections la liberté d’expression, notamment la liberté de la presse », a déclaré Jean-Mobert Senga, chercheur sur la RDC à Amnesty International.
La Commission électorale du pays doit annoncer les élections le 23 juin, six mois avant la date du scrutin, prévu le 23 décembre 2018.
« En amont de l’élection du 23 décembre, il est crucial et urgent que les autorités congolaises respectent le droit de tous les citoyens de participer au processus électoral sans craindre d’être tués, arrêtés ou persécutés en raison de leurs opinions », a déclaré Jean-Morbert Senga.
L’annonce du mois de juin lancera officiellement l’ouverture du processus électoral permettant aux candidats aspirant à des fonctions politiques de faire enregistrer leur candidature. Cependant, ils ne seront pas tous en mesure de le faire, certains se trouvant en prison, ou en exil.
Les candidats potentiels présents sur le territoire pourraient également se trouver dans l’impossibilité de participer à l’élection en raison de frais d’enregistrement exorbitants prévus par la nouvelle loi électorale, entre autres obstacles iniques.
Par ailleurs, Amnesty International demande à la police et aux organismes de sécurité de se montrer impartiaux et de respecter strictement les normes internationales de maintien de l’ordre. L’armée et la garde présidentielle ne doivent pas s’immiscer dans la gestion des rassemblements publics durant cette période.
« Il convient de remédier rapidement à toute violation des droits humains dans le cadre de l’élection prochaine, et les responsables présumés de tels agissements, y compris les chefs de police et les commandants de forces de sécurité, doivent être amenés à rendre des comptes », a déclaré Jean-Morbert Senga.
Enfin, Amnesty International demande à la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) de s’acquitter de son mandat et de protéger les civils.
Complément d’information
Les élections en RDC auraient dû avoir lieu en novembre 2016, à la fin du second et dernier mandat du président sortant Joseph Kabila, conformément à la Constitution congolaise. L’incapacité du gouvernement à organiser des élections a provoqué à travers tout le pays des manifestations, qui ont été lourdement réprimées.
L’Église catholique a négocié un accord entre la coalition au pouvoir et les principaux leaders de l’opposition, signé le 31 décembre 2016, qui donnait au gouvernement un an pour mettre en place des mesures en vue d’une élection libre et équitable – rouvrir les médias critiques envers le gouvernement, libérer les personnes détenues pour des motifs politiques et autoriser les chefs de l’opposition exilés à rentrer au pays.
Ces mesures n’ayant pas été mises en place et l’élection n’ayant pas été organisée en décembre 2017, le Comité laïc de coordination de l’Église catholique a lancé une série de manifestations le 31 décembre 2017, le 21 janvier et le 25 février 2018. Les forces de sécurité ont réprimé ces manifestations pacifiques avec violence, faisant au moins 17 morts et 200 blessés, et procédant à l’arrestation arbitraire d’au moins 405 personnes.