La vague d’attentats-suicide visant des écoliers et des pèlerins chiites les 5 et 6 octobre marque un tournant lamentable dans la flambée de violence que connaît actuellement l’Irak, a déclaré Amnesty International.
Au moins 22 personnes ont été tuées le 7 octobre dans les dernières attaques, dans le cadre d’une vague d’explosions à Bagdad.
« Tuer des civils de manière délibérée est totalement inacceptable. Ces derniers attentats sont des crimes de guerre et s’inscrivent dans le cadre d’une offensive contre les civils en Irak qui constitue un crime contre l’humanité », a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
Ces attentats, notamment dirigés contre des écoliers dans une cour de récréation dans le nord de l’Irak et contre des pèlerins chiites dans la capitale, ont fait de nombreuses victimes, dont au moins 12 enfants.
Le degré de violence dans diverses régions du pays a atteint un niveau inégalé depuis plusieurs années. Aucun groupe armé n’a encore revendiqué la responsabilité de la dernière série d’attentats, mais ils portent la marque d’ISIS (État islamique d’Irak et d’al Shaam), groupe armé affilié à al Qaïda.
ISIS a revendiqué la responsabilité d’attentats qui ont tué dans tout le pays des centaines de civils, dont de nombreux chiites, au cours des derniers mois. Son objectif allégué est de déclencher une guerre intercommunautaire totale entre Irakiens sunnites et chiites, ce qui n’est pas sans rappeler le conflit qui ravagea le pays en 2006-2007.
La dernière vague d’attentats
Le 6 octobre, un homme conduisant un camion empli d’explosifs s’est fait exploser devant une école primaire dans le village turkmène chiite de Qabak, juste à la sortie de la ville de Tal Afar, à 70 kilomètres au nord-ouest de Mossoul, dans le nord de l’Irak. Au moins 12 enfants, âgés de six à 12 ans, ont été tués et des dizaines d’autres ont été blessés.
Cette attaque a eu lieu alors que trois autres attentats coordonnés avaient déjà semé la mort la veille, le 5 octobre.
À Bagdad, un kamikaze s’est fait sauter au milieu d’une foule de pèlerins chiites dans le quartier d’al Adhamiya, à la veille de l’anniversaire de la mort d’un imam chiite vénéré, faisant au moins 51 morts et 70 blessés.
Le 5 octobre, un autre attentat a frappé un café à Balad, au nord de Bagdad, faisant au moins 12 morts et 25 blessés.
Le même jour, à Mossoul, deux employés de la chaîne de télévision par satellite al Sharqiya, le correspondant Mohammad Karim al Badrani et le caméraman Mohammad Ghanem, ont été abattus par des hommes armés. Al Sharqiya a fait savoir que les deux hommes avaient reçu des menaces parce qu’ils traitaient des questions de sécurité.
Le chef du Parlement irakien Ussama al Nujaifi a condamné ces derniers attentats et exhorté le gouvernement à faire davantage pour protéger la population.
« Les groupes armés doivent immédiatement mettre fin aux attentats visant délibérément des civils. Le gouvernement irakien doit se mobiliser pour protéger la population civile contre ces violences, et mener sans délai des investigations indépendantes et impartiales sur ces crimes », a poursuivi Hassiba Hadj Sahraoui.
Selon l’organisation Iraq Body Count, 229 civils ont été tués en Irak depuis le début du mois d’octobre, et plus de 6 000 depuis le début de l’année 2013, bilan le plus lourd enregistré depuis 2008.