IRAN. Amnesty International critique la diffusion télévisée des « aveux » d’une Iranienne condamnée à la lapidation

Index AI : PRE 01/278/2010

ÉFAI - 12 août 2010

Amnesty International a critiqué la diffusion à la télévision des « aveux » de Sakineh Mohammadi Ashtiani, une Iranienne condamnée à mort par lapidation pour adultère, dans lesquels elle semble s’accuser du meurtre de son mari.

Cette vidéo a été diffusée mercredi 11 août dans l’émission 20 h 30 de Seda va Sima, la télévision nationale de la République islamique d’Iran.

Il est fréquent que les autorités recourent aux « aveux » télévisés pour incriminer des personnes maintenues en détention. Nombre d’entre elles reviennent plus tard sur leurs « aveux », affirmant qu’elles y ont été contraintes sous la torture ou d’autres mauvais traitements.

« Ces prétendus aveux s’ajoutent à une série de plus en plus longue d’autres “aveux” et autoaccusations extorqués à de nombreux détenus au cours de l’année écoulée, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les déclarations formulées lors de ce type d’interviews télévisées ne devraient avoir aucune influence sur la justice iranienne, si ce n’est de lui donner une raison de réexaminer son cas. Cette dernière vidéo ne montre rien de plus que le manque de preuves contre Sakineh Ashtiani. »

Amnesty International croit savoir que l’avocat de Sakineh Mohammadi Ashtiani, Javid Houtan Kiyan, a présenté la semaine dernière un dossier de 35 pages pour demander une révision judiciaire. La réponse à cette requête est attendue aux alentours du 15 août.

« Il semble que les autorités iraniennes ont orchestré ces “aveux” à la suite de la demande de révision judiciaire et inventent maintenant de nouvelles accusations portant sur le meurtre de son mari », a précisé Hassiba Hadj Sahraoui.

Des informations non confirmées indiquant que Sakineh Mohammadi Ashtiani a récemment été torturée ou soumise à d’autres mauvais traitements à la prison centrale de Tabriz renforcent l’inquiétude d’Amnesty International.

« Le fait d’avoir diffusé de cette manière des déclarations de Sakineh Mohammadi Ashtiani remet en question l’indépendance du pouvoir judiciaire, au moins vis-à-vis de la télévision d’État, et sa capacité à respecter la propre législation de l’Iran. Pour que la justice iranienne soit prise au sérieux, ces “aveux” doivent être ignorés et les autorités doivent garantir qu’ils n’auront pas d’incidence sur le réexamen de son cas », a souligné Hassiba Hadj Sahraoui.

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